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Real human
Scott Hutchins   L’Amour comme hypothèse de travail
Belfond 2013 /  21 € - 137.55 ffr. / 435 pages
ISBN : 978-2-7144-5371-6
FORMAT : 14,2 cm × 22,6 cm

Elisabeth Peellaert (Traducteur)
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L'amour existe-t-il ? Qu'est-ce-qu'un être humain ? «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme». Des philosophes aguerris ou néophytes pourraient disserter plus ou moins longuement et indigestement sur ces trois sujets en multipliant les références. Lorsque le malicieux Américain Scott Hutchins s'y attaque, cela donne L'Amour comme hypothèse de travail, un premier roman tout à fait subtil et particulièrement convaincant.

Le narrateur, Neill Bassett Jr, trente-six ans, originaire de l'Arkansas et san-franciscain d'adoption, mais aussi divorcé de fraîche date, s'applique à suivre à la lettre la stratégie du célibataire, «un système rationnel qui ne laisse aucune place au sentimentalisme... un célibataire se trouve dans un entre-deux permanent et n'a pas de temps à perdre avec les conventions. Qu'il s'agisse du petit déjeuner, de la vie sociale ou de l'amour, il faut préférer le simple au compliqué». Pas question donc pour l'instant de se laisser passer la corde au cou par la jeune Rachel qu'il rencontre au début du roman ! D'autant plus que son travail prend peu à peu dans sa vie une importance capitale.

Neill est employé chez Amiante Systems, une toute petite start-up mais «un projet grandiose de linguistique informatique». Il s'agit de créer le premier chatterbot qui puisse réussir le test de Turing. Test qui porte le nom du mathématicien anglais, pionnier de l'intelligence artificielle et qui repose sur l'idée qu'une machine peut penser et donc imiter une conversation humaine si on lui donne le bon programme de travail. Dans le cas du programme du Dr Bassett, les données proviennent du journal intime du père de Neill, un médecin très attaché aux traditions et aux valeurs religieuses catholiques et qui s'est pourtant suicidé lorsque Neill était étudiant. «Ce journal est une mine de pensées et d'interrogations – plus de cinq mille pages de préjugés, d'anecdotes, de clichés, de maximes, de conseils médicaux. L'idée est que la personnalité de leur auteur est capturée dans les références implicites qui existent entre les différentes entrées du journal».

C'est donc logiquement à Neill qu'échoit la tâche de rendre cette conversation de plus en plus vivante et de dialoguer avec ce père qu'il connaissait en définitive très mal et dont il n'a jamais compris le suicide. De ce jeu de questions-réponses entre l'homme et l'ordinateur naît une troublante intimité. Au fil des pages, le fils découvre le père mais le père permet aussi au fils de mieux se connaître lui-même.

Cependant, Scott Hutchins ne se contente pas de faire habilement rimer informatique avec maïeutique ! Il sait aussi capter l'air du temps et décrit une société américaine en proie au consumérisme stérile mais que n'abandonne pourtant pas une soif d'idéal, incarnée en particulier par Rachel. Certes son embrigadement dans la secte des Rencontres pures, provoqué par le manque d'empathie de Neill, donne lieu à des pages très drôles mais il pousse également ce dernier à réfléchir sur la réalité du sentiment amoureux.

«L'homme a deux faces : il ne peut pas aimer sans s'aimer», disait Camus. Dans L'Amour comme hypothèse de travail, Neill parvient à cette harmonie grâce à un ordinateur. Alan Turing aurait adoré !


Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 12/06/2013 )
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