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Littérature  ->  Littérature Américaine  
 

American way of life
Alex George   Une symphonie américaine
Belfond 2014 /  22 € - 144.1 ffr. / 390 pages
ISBN : 978-2-7144-5427-0
FORMAT : 15,6 cm × 24,1 cm

Florence Hertz (Traducteur)
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Quoi de mieux en cette période de fêtes qu’un conte de Noël ? Faites-vous offrir et offrez cette fascinante fresque historique qui plaque une saga familiale au départ allemande sur l’Histoire des États-Unis. Une famille d’immigrants venus de la vieille Europe a le courage de s’adapter pour devenir de bons Américains (Titre original : A good American).

A Hanovre (Allemagne) en 1903, Frédrérick, chanteur d’opéra à la stature imposante et joviale, séduit Jette, beauté taillée comme une Walkyrie, en lui chantant de grands airs dans un parc. Jette ne tarde pas à être enceinte et la seule solution au rejet de ses parents est la fuite le plus loin possible. Ils embarquent sur le Transatlantique Copernicus et après un long voyage en troisième classe, donc pénible, Monsieur et Madame Meisenheimer, mariés par le capitaine du bateau, accostent à la Nouvelle Orléans, ville américaine de musique… et sans quarantaine contrairement à Ellis Island à New-York. «Ainsi commença la grande histoire d’amour de mon grand-père avec l’Amérique, une passion immodérée qui devait le suivre jusqu’au jour de sa mort» (p.33).

Ils finissent leur périple pour s’établir à Béatrice dans le Missouri, où ils vont créer une dynastie avec de nombreux enfants dont Joseph, le père du narrateur James qui tient la chronique familiale. Ils s’intègrent à la communauté de la petite ville aux mœurs rurales par la cuisine, le premier restaurant créé par Frédérick et Jette servant de la choucroute et des plats typiquement germaniques. Comme il y a beaucoup d’émigrés allemands dans la région, leur succès est immédiat ; mais au fil des générations, les établissements se modernisent, deviennent typiquement américains, pour finir en fast-foods. Chacun s’adapte à sa manière, Frédrick va jusqu’à s’engager pour aller faire la guerre en Europe contre son ancien pays.

Jette a plus de mal à apprendre l’anglais, les mœurs américaines la choquent car sa rigueur teutonne en souffre ; nostalgique de son ancien pays, elle regrette sa famille. Elle s’habitue difficilement à ce gigantesque melting pot tandis que son époux se lance dans le travail et met un point d’honneur à ne parler que l’anglais. Ce nouvel eldorado est encore marqué par les lendemains de la Guerre de Sécession et son racisme ordinaire, ancré dans la société, dont ils vont souffrir eux aussi cruellement. Les générations suivantes sont tout aussi attachantes avec leurs lots de bonheurs, de drames et de secrets familiaux. La musique et le chant les accompagnent tout au long de leurs vies.

C’est avec regret que le lecteur achèvera le roman. Alex George décrit cette multitude de personnages avec beaucoup de talent, peignant d'un réalisme presque palpable les époques traversées par les Meisenheimer : le patriotisme de la Grande guerre, la Prohibition et ses excès, l’assassinat de Kennedy, le 11 septembre... Les rebondissements permettent de maintenir un bon rythme, comme en musique. Un message d’espoir pour les millions de migrants ayant fait ce choix du nouveau départ, et devenir des étrangers ; choc de la langue et des cultures, pièges du communautarisme, désir d'intégration. «A cette époque, j’avais déjà commencé ma quête obsessionnelle de reconnaissance» (p.229).

Un roman à lire absolument pour sa qualité historique et son humanisme.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 10/12/2014 )
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