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Littérature -> Littérature Américaine |
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Plus près de toi, mon Dieu | | | Marilynne Robinson Lila Actes Sud 2015 / 22.80 € - 149.34 ffr. / 356 pages ISBN : 978-2-330-04340-7 FORMAT : 11,8 cm × 21,8 cm
Simon Baril (Traducteur) Imprimer
Marilynne Robinson clôt avec Lila sa trilogie qui nen est pas vraiment une, débutée avec Gilead et Chez nous. Lordre importe peu. Cest une sorte de dénouement après lexistence agitée et erratique de Lila qui napparaissait jusque-là que dans ses contours. Ces trois romans sont intimement liés, inscrits dans une même région, avec la même galerie de personnages.
Lila est une enfant presque abandonnée, pendant la Grande Dépression, et enlevée par Doll, une femme nomade qui la sauve de la mort une première fois. Elles suivent un convoi de migrants condamnés à errer de ville en ville pour mendier, trouver du travail et survivre. Puis Lila, devenue adulte, reste sauvageonne et fuit la compagnie des autres pauvres, demeure un moment dans une maison close à Saint-Louis, en piètre prostituée. Pendant ses pérégrinations, allant de cabane en abri de fortune, elle atterrit par hasard à Gilead (référencée dans la bible avec plusieurs significations), une bourgade de lIowa, et fait la connaissance du pasteur John Ames, veuf et beaucoup plus âgé quelle. Il la sauve du froid et de la précarité puis va lamener grâce à sa patience et à sa culture théologique à un questionnement sur le salut des âmes : les pauvres, ceux qui ont tué comme Doll, seront-ils sauvés lors du Jugement dernier, auront-ils droit à la Rédemption ?
Le roman oscille entre présent et passé avec beaucoup de douceur, de sensualité même, et de rigueur morale, le pasteur ayant la patience dinitier Lila aux textes liturgiques avec tout son amour. Finalement, il la prend pour épouse et elle lui donnera un fils. Elle se remémore les étapes dans lesquelles sa jeunesse sest évanouie. Le dialogue lenrichit spirituellement et la prépare à être mère. Elle recopie des Versets du Livre dEzéquiel pour les faire siens. Lauteur interroge par le biais de la fiction lessence de lexpérience humaine grâce à la théologie plutôt que le mysticisme. «Penser à sa vie, cétait une drôle dexpérience. Couchée dans cette chambre, dans cette maison, dans cette petite ville tranquille, elle était libre de choisir ce quavait été son existence» (p.330). Elle a malheureusement de grandes difficultés à faire table rase de son passé, à lexpliquer, mais elle lavoue petit à petit au Révérend dont la bonté et la compréhension des aléas de la vie nont pas de limite. Ainsi, elle va vers la lumière, lamour de son prochain, lamour de Dieu, effaçant peu à peu ses anciennes souffrances.
«Mais maintenant, elle était là, dans la maison silencieuse du Révérend et ce vieil homme avait fait son possible pour quelle y soit en paix et en sécurité» (p.228). La maison a beaucoup dimportance, cest un refuge, le symbole de la maison de Dieu, le peuple dIsraël, peuple de bonté. Grâce à ces personnages de fiction, Marilynne Robinson nous invite à nous immerger aux tréfonds de notre âme pour découvrir notre raison dêtre au monde, et à suivre nous-mêmes notre cheminement intérieur vers le bonheur, comme Lila.
Cest un récit très généreux, qui incite à lire les deux autres tomes, la chronologie nétant pas stricte. «On ne se débarrasse pas de la culpabilité ; il nexiste aucun moyen décent de la renier. Toute cette amertume, tout ce désespoir et toute cette peur enchevêtrés et liés appelaient la pitié. Non, mieux ils appelaient la grâce. (
) La paix dont parlait le Révérend devait être aussi un émerveillement» (p.356).
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 27/02/2015 ) Imprimer
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