L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Littérature Américaine  
 

''Si c’est à toi que j’écris…''
Stephen Chbosky   Pas raccord
Sarbacane - Exprim' 2008 /  10.50 € - 68.78 ffr. / 294 pages
ISBN : 978-2-84865-205-4
FORMAT : 12,5cm x 19cm

Traduction de Blandine Longre.
Imprimer

Charlie est un garçon solitaire et hypersensible que le sort n’a pas épargné. Constamment «à part», que ce soit au sein de sa famille (sauf avec sa tante Helen, la personne la plus chère à ses yeux) ou dans le milieu scolaire, il passe son temps à réfléchir sur l’existence, sur ses congénères, sur le monde dans lequel il s’inscrit. Un drame notamment ne cesse de le tarauder : le suicide, plusieurs mois auparavant, de son condisciple Michael. Cette perte, ressentie avec une violence inouïe par Charlie, le laisse dans une cruelle incompréhension. Pour exorciser ses pensées, et tout simplement pour «parler» librement à quelqu’un, il se met, à la veille de son entrée au lycée, à rédiger des lettres adressées à un inconnu où il lui livre, à la manière d’un journal intime, son quotidien, ses doutes, ses joies et ses peurs.

Car la plongée dans l’univers intransigeant, chaotique et ingrat de l’adolescence ne se déroule pas sans heurts. En outre, Charlie, à quinze ans, ne parvient toujours pas à capter et à se conformer aux codes sociaux : il les appréhende dans un curieux mélange d’étonnement et d’inaptitude, au travers du prisme de sa naïveté. Cette difficulté ne favorise en rien son intégration et l’amène souvent à l’incompréhension, voire à la blessure (de lui-même ou d’autrui). Heureusement, pour le guider dans son apprentissage du réel, il y a Patrick et sa demi-sœur, la belle Sam. Ces deux étudiants de terminale, rencontrés au hasard d’un match de football, tombent en affection pour ce surprenant petit bonhomme qu’ils vont prendre sous leur aile et inclure, peu à peu, dans leur groupe d’amis et le tourbillon de leur être.

C’est ainsi que Charlie commence à se frotter aux fêtes, à la musique, à la drogue, à la sexualité et à l’homosexualité (par l’histoire de Patrick), à l’amour (dans les bras fantasmés de Sam et sur les lèvres de Mary Elizabeth) et, tant bien que mal, à la notion de «limite». En compagnie de ses protecteurs, il a parfois l’impression grisante de flirter avec l’éternité, ce qui ne l’empêche nullement de sombrer tout aussi radicalement dans un désespoir infini à d’autres moments. Ces deux extrêmes ne font qu’un dans la vie de ce jeune vulnérable, qui l’exprime avec authenticité dans sa missive inaugurale : «Bref, voilà ma vie. Il faut d’abord que tu saches que je suis à la fois triste et heureux, et que j’ai toujours pas compris comment ça se fait». Parallèlement à ces chamboulements émotionnels, son professeur de littérature, Bill, l’abreuve de classiques (Peter Pan, L’Etranger, Gatsby le Magnifique, Hamlet, etc.), autant de lectures exigeantes ayant pour intention de familiariser le prodige à sa singularité, de lui faire entendre qu’il est un individu exceptionnel, et non pas un «freak» comme d’aucuns se plaisent à lui répéter.

L’écriture de Charlie est spontanée et cabossée. À son image. Elle épouse les méandres de ses tourments et de ses enthousiasmes. Ce caractère pourrait dérouter dans les pages initiales mais, très vite, le témoignage de cette boule de sensibilité touche au cœur et cette candeur maladroite se révèle gage de profondeur. Tout au long du récit, Charlie ne se départit jamais d’une position d’observateur, qui le pousse à analyser et disséquer avec une certaine externalité ce qui lui arrive. Derrière ses mots sont esquissés, et non verbalisés, ses plaies, ses traumatismes, ses troubles psychologiques. Malgré le recours au «je», le sentiment d’extranéité face à cette âme qui s’émeut de tout est donc paradoxalement accentué.

Dans ce premier roman efficacement traduit par Blandine Longre, Stephen Chbosky dérange, convainc et déploie des qualités aussi rares que celles de son héros : la finesse, la pudeur et la justesse…


Samia Hammami
( Mis en ligne le 16/09/2008 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd