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Dossier Marcel Aymé
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Bibliographie de Marcel Aymé

Papier bible, Marcel Aymé dans la Pléiade
- Un entretien avec Michel Lécureur

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Parutions.com : Vous avez dirigé la publication du deuxième tome des Oeuvres romanesques complètes de Marcel Aymé dans la Bibliothèque de la Pléiade. Le volume couvre la production des années 1934-1940, quelle est la situation de Marcel Aymé au début de cette période ?

Michel Lécureur : En 1934 Marcel Aymé est au sommet de la renommée. La Jument verte qui date de l'année précédente a été un succès... Succès de scandale, certes, mais aussi gros succès de librairie. Il ne faut pas perdre de vue l'aspect matériel des choses : Marie-Antoinette et Marcel Aymé ont tiré le diable par la queue pendant des années. Rue du Square-Carpeaux, à Montmartre, ils ont vécu dans un tout petit deux pièces. L'immense succès de La Jument verte permet enfin au couple de connaître une certaine aisance matérielle.

Parutions.com Est-ce que ce succès s'accompagne d'une reconnaissance de Marcel Aymé par le milieu littéraire?

Michel Lécureur : Je crois que cette reconnaissance est le résultat d'une série de contacts, de rencontres... D'une série de succès aussi : en 1929 il a eu le prix Renaudot. Son roman La rue sans nom (paru en 1930) a été porté à l'écran par Pierre Chenal en 1932. Marcel Aymé voit aboutir ses efforts. Mais le succès ne va pas sans inquiétude. Dans une lettre au directeur des pages littéraires de L'Action française, Pierre Varillon, il écrit : "j'espère que vous n'êtes pas choqué par La Jument verte, cette fois j'ai peut-être été un peu licencieux, un peu paillard" etc.

Parutions.com Quelles sont ses fréquentations parmi les écrivains ?

Michel Lécureur : C'est Emmanuel Bove que nous devons citer en premier, cette grande amitié littéraire date de plusieurs années. Marcel Aymé a aussi de bonnes relations avec Eugène Dabit. Il apprécie Montherlant (je ne sais pas s'il y a réciproque), Marcel Jouhandeau (et il est apprécié par Jouhandeau), il connaît Malraux et je pense qu'il est apprécié par Malraux. Brasillach, bien sûr, a beaucoup d'estime pour lui. Et pour aller d'un extrême à l'autre de l'échiquier politique, Aymé voue une grande admiration à Louis Guilloux et Aragon.

Parutions.com Tout au long de ces années 30, Marcel Aymé publie au rythme d'environ un volume par an...

Michel Lécureur : Oui, généralement un roman. Parfois il publie un recueil de nouvelles, comme en 34 par exemple - une année où il s'est plutôt consacré au journalisme.

Parutions.com En annexe des romans et nouvelles qui composent ce tome de La Pléiade, vous donnez justement un choix d'articles pour illustrer cette activité de journaliste. A leur lecture, on est singulièrement frappé par la grande qualité littéraire de ces chroniques. On y retrouve aussi toute la pulsation des années 30...

Michel Lécureur : Pour le grand public, Marcel Aymé reste essentiellement l'auteur de La Jument verte et des Contes du Chat perché, et on ignore délibérément ce qu'il y a à côté. Ses débuts dans le journalisme datent des années 30 : il a travaillé dans la Revue du cinéma, il a fait des articles sur les films soviétiques etc. Au cours de l'été 1932, il donne des articles à Gringoire - il a dû remplacer au pied levé un critique littéraire parti en vacances : on sent qu'il s'acquitte de son pensum, mais de temps en temps il y a quand même des échappées, à propos de Montherlant notamment... Et dès la fin de 32, quand le manuscrit de La Jument verte est connu, il est tout de suite pressenti par Emmanuel Berl pour tenir une rubrique dans Marianne. Berl a été enthousiasmé par la lecture de La Jument verte, et Aymé ne décevra pas les lecteurs de Marianne. Le recueil de ces chroniques est paru en 1989 chez Gallimard, sous le titre Du Côté de chez Marianne.

Parutions.com Mis à part Les Contes du chat perché, les oeuvres rassemblées dans ce tome deux ne sont pas les plus connues du grand public...

Michel Lécureur : C'est vrai. Elles n'en sont pas moins de premier ordre. Maison Basse est le roman de la ville moderne, le roman de l'individu écrasé dans le grand immeuble, des liens sociaux qui se défont... Quand on parle des banlieues actuellement, on en est toujours là - dans Maison Basse on est devant les prémisses.... Dans ce volume il y a aussi Le Moulin de la Sourdine, qui est un polar. Marcel Aymé appréciait beaucoup Simenon. D'ailleurs quand j'avais demandé à Simenon un témoignage sur Marcel Aymé, dans les dernières années de sa vie, il avait immédiatement accepté. Simenon avait beaucoup d'admiration pour Marcel Aymé qui le lui rendait bien. Avec Gustalin Marcel Aymé retourne à la campagne, il évoque ses souvenirs de la région du sud de Dole. Derrière chez Martin est un prodigieux recueil de nouvelles. La première d'entre elles, Le romancier Martin fait songer à Pirandello : un romancier est assis à sa table de travail, quand soudain ses personnages frappent à sa porte !

Parutions.com Vous donnez également dans ce volume la première édition complète des Contes du chat perché.

Michel Lécureur : Oui, il s'agit à coup sûr du titre le plus célèbre de ce recueil. Les quatre premiers contes avaient paru en 1934, illustrés par Nathan Altman, un illustrateur soviétique qui est ensuite reparti dans son pays et dont on a perdu la trace. Ensuite, chaque année ou presque, il y a eu un nouveau Conte du chat... Le prière d'insérer de l'édition de 1939, qui reprend l'essentiel des contes parus précédemment, donne à Marcel Aymé l'occasion de répondre à un critique du Figaro, qui écrivait que si les animaux parlaient, ils ne parleraient pas comme ils le font dans les Contes du chat perché : "Rien n'interdit de croire, en effet, que si les bêtes parlaient, elles parleraient de politique ou de l'avenir de la science dans les îles Aléoutiennes." D'autres Contes du chat paraîtront pendant la guerre, puis, le dernier en 1946, pour aboutir à un total de dix-sept contes. Plusieurs éditions ont été publiées après la guerre, mais aucune d'entre elles n'avait repris la totalité de ces récits. Et on a retrouvé depuis, dans les papiers de Marie-Antoinette Aymé, deux contes inédits que Gallimard a publié récemment : Le Mammouth et Le Commis du Père Noël, qui figurent également dans ce deuxième tome des Oeuvres romanesques complètes.

(Le 14/09/1998)

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Une farce d'outre-tombe
de Marcel Aymé

(Le 5/11/98)

Parutions.com : Alors depuis notre premier entretien, ce volume de la Pléïade est devenu en quelque sorte une curiosité bibliographique. En appendice de l'ensemble complet des Contes du chat perché figurent deux contes inédits, tellements inédits d'ailleurs que, comme la presse l'a révélé au début du mois de novembre 1998, ils ne sont pas issus de la plume de Marcel Aymé mais de celle d'un Monsieur Frédéric Lerich, médecin de campagne de son état !

Michel Lécureur : Eh oui ! Alors je suis assez chagriné par la réaction de certains journalistes qui n'ont mis en évidence que l'aspect négatif de cette affaire, en passant pour pertes et profits toute la somme de travail que représente l'édition d'un volume comme celui-ci. Dans notre édition nous avons cherché d'emblée à être honnête avec les lecteurs. Nous avons pris nos distances avec ces deux textes à la provenance incertaine en les plaçant en appendice et non dans le corpus, et en l'écrivant en toutes lettres dans une note de la page 1475 : "Le texte, découvert dans les papiers personnels de Mme Marcel Aymé, se présente sous la forme d'un tapuscrit de treize pages... dépourvu de toute annotation manuscrite et de signature. Par le style, le rythme, la syntaxe et le vocabulaire, ce conte et le suivant diffèrent sensiblement des dix-sept contes publiés de 1934 à 1946."
Fallait-il le dire plus nettement ? Peut-être. Ces deux textes avaient paru en 1996 et 1997 sous la forme d'albums illustrés chez Gallimard Jeunesse, créant un précédent dont il nous était difficile de ne pas tenir compte dans un projet d'édition complète.
Le mot de la fin revient à Danielle Ducout qui a collaboré avec moi pour cette édition : "Toute cette histoire n'est probablement qu'une farce d'outre-tombe que nous a fait Marcel Aymé !"


Propos recueillis par Patrick Lienhardt le 5 Novembre 1998
( Mis en ligne le 08/04/2002 )
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