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Loin du Club Med…
Cédric Ferrand   Wastburg
Gallimard - Folio SF 2013 /  7.50 € - 49.13 ffr. / 403 pages
ISBN : 978-2-07-044600-1
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
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Wastburg, riante cité située sur un estuaire, au débouché d’un fleuve, lequel sépare deux royaumes, la Loritanie et le Waelmstat. Une sorte de port franc, où Loritaniens et Waelmiens cohabitent, ou du moins tentent de cohabiter, non sans difficultés. Mais soyons francs : pour le tourisme, Wastburg, ce n’est pas ça : il y a certes quelques curiosités, comme la tour des mageers – désertée depuis la fin de la magie, la «déglingue» -, mais le climat est médiocre ; la grande attraction de l’année, la «porchaison» est une course aux cochons dans la boue, ce qui n’a en soi rien de bien séduisant ; les spécialités culinaires sont plus que douteuses (de la saucisse grasse et des fonds de verre transformés en alcool), les rues sont plutôt sales (le fait est que dans cet univers médiéval-fantastique, les égouts n’existent pas). Il faut reconnaître que depuis la déglingue, la ville part un peu à vau l’eau. Le burgmaester – le maire de la ville – n’est pas très présent, les autorités sont d’une qualité variable, de l’incompétent au franchement corrompu, la Garde, incarnation de l’ordre, a des accès de doute quant à sa mission, et le petit peuple survit en évitant les coups. Bref, une ville au climat tendu, où l’on sent bien que quelque chose va exploser dans pas longtemps, mais quoi ? Une guerre avec les puissances voisines ? Une lutte de succession à la mort du vieux burgmaester ? Une guerre civile entre Loritains et Waelmiens ?...

Pour le tourisme, ou même l’exotisme, on est d’accord, Wastburg n’est pas indiquée… mais comme lecture, là, pardon, ce serait dommage de manquer cette étape. Avec Wastburg, Cédric Ferrand signe un très bon roman de fantasy, dans la lignée de J. P. Jaworski et son extraordinaire Gagner la guerre. Ici, pas d’elfes ni de nains, pas de dragons et de mages, pas d’anneau ou d’épée invincible, à peine une magie cabossée, de l’astuce et des coups fourrés : Wastburg, c’est pas une ville pour hobbits simplets.

Auteur de jeu de rôles, Cédric Ferrand en a gardé les bons réflexes. Il s’est montré attentif à tous ces petits détails qui distinguent le conteur inspiré de l’honnête scribouillard : à sa suite, le lecteur plonge, littéralement, dans Wastburg, erre dans ses rues, trébuche dans ses caniveaux, sent ses remugles, se heurte à sa populace. Le contexte, les ambiances, les personnages sont subtilement travaillés pour leur donner de l’épaisseur, du cachet. Bref, on y est, on y est vraiment. Rien à voir avec une description molle ou hautaine : l’auteur sait vous embarquer dans ses équipées, au ras du sol et de la ville. Dans une langue savoureuse, qui rappelle plus Frédéric Dard que Tolkien, il enchaîne les chapitres, comme autant de petites nouvelles qui dessinent une intrigue souterraine, complexe, un conflit latent dans une ville déjà chargée de tension. Au hasard de la lecture, on visite les quartiers, on entre chez les gens, on fréquente auberges et maisons de passe, on voit du beau monde autant que des arsouilles, on se coltine les soucis et les histoires de chacun, peines de cœur ou de porte monnaie, bref, on respire une vie et un récit qui prend corps, jusqu’à un final de toute beauté.

Alors les amateurs de fantasy peuvent y aller les yeux fermés : du style, de la truculence, de l’intrigue, un décor d’une densité rare, et des personnages travaillés au cordeau… Le récit vous prend peu à peu, on ne lâche finalement plus le livre jusqu’à la fin, et on en redemande. Au travail, Monsieur Ferrand !


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 12/06/2013 )
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