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Résiliente
Joyce Carol Oates   Mudwoman
Seuil - Points 2014 /  8.30 € - 54.37 ffr. / 576 pages
ISBN : 978-2-7578-4063-4
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication française en octobre 2013 (Philippe Rey)

Claude Seban (Traducteur)

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Un roman de Joyce Carol Oates est toujours un bonheur de lecture (à de rares exceptions près). Avec Mudwoman, la très grande romancière américaine poursuit ses thèmes favoris : l'histoire d’une femme, l’héroïne M.R. (pour Meredith Ruth), marquée dans son enfance par la noirceur de la vie et celle des adultes, abusée, qui tente tant bien que mal de se reconstruire et de vivre debout. Joyce Carol Oates est convaincue que des débuts dramatiques ne construisent pas nécessairement un destin malheureux, que la différence se joue dans la volonté de l’individu. Mudwoman se rapproche assez de La Fille du fossoyeur, mais à la différence de Rebecca, la fille du fossoyeur, M.R. se meut dans le milieu des classes moyennes américaines sans histoire, et parvient, grâce à sa ténacité et à son intelligence, au poste envié de présidente d’une université prestigieuse.

Le roman alterne entre 1965-1978 et 2002-2003, avec pour ces années l’ombre de la guerre en Irak. Le terrible premier chapitre, intitulé «Mudgirl sur la terre de Moriah, avril 1965», reprend le sacrifice d’Isaac avec une mère démente qui décide d’offrir sa fille en sacrifice aux marais boueux, dans la région des Adirondacks, une des régions les plus reculées des États-Unis. Miraculeusement sauvée par le Roi des corbeaux qui mène à elle un trappeur, «Mudgirl» (la fille de la boue) est recueillie, placée dans une famille d’accueil puis adoptée par un couple de quakers, pacifistes, intellectuels et bons, qui la rebaptisent Meredith Ruth. Une nouvelle identité pour l’enfant qui avait déjà d’elle-même changé son nom de Jedina en Jewell, laissant croire à ses sauveurs qu’elle était sa sœur aînée. Le challenge est autre chez les Neukirchen pour qui elle est l’enfant de remplacement de leur petite fille morte bébé.

Tout le roman est ainsi celui de la quête d’une identité pour Jedina-Jewell-Meredith Ruth : identité à conquérir, à reconquérir - contre la volonté meurtrière de sa mère biologique, contre la rudesse des Skedd, la famille d’accueil qui malgré tout lui donne des outils pour affronter la vie et se défendre -, contre la bonté des Neukirchen - Konrad et Agatha - qui l’aiment profondément, contre le monde universitaire qui, bien que femme, l’a choisie comme présidente, sans que ce choix fasse l’unanimité. Autour d’elle, des hommes aux rôles importants, le trappeur Suttis Coldham, le professeur de maths Hans Schneider, l’amant secret Andre, l’étudiant Stirk, le père Konrad…

Si Joyce Carol Oates décrit de façon minutieuse ces mondes successifs (et en particulier le milieu universitaire, un thème fréquent chez les auteurs américains), parfaitement ancrés dans la réalité, elle entraîne aussi son lecteur vers des contrées irrationnelles : le Roi des corbeaux, mystérieux protecteur, les cauchemars de M.R., les fantômes qu’elle exorcise. Une grande partie de la force de ce roman - qui peut aussi être lu comme un cauchemar dont on triomphe - vient de cette opposition constante entre la réalité quotidienne et ces fantasmes violents qui s’invitent sans crier gare. Un roman qui rassemble donc tous les thèmes de Joyce Carol Oates : le gore, le romanesque, la résilience, les fratries lourdes, l’héroïne féminine…

570 pages qui se lisent d’une traite.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 24/10/2014 )
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