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Un coeur clair
Chimamanda Ngozi Adichie   Americanah
Gallimard - Folio 2016 /  8,70 € - 56.99 ffr. / 704 pages
ISBN : 978-2-07-046880-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en janvier 2015 (Gallimard - Du Monde Entier)

Anne Damour (Traducteur)

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Une société raciste, confite de préjugés, structurée d'autant de castes qu'il existe de religions et de couleurs de peau, selon un dégradé allant du plus noble et plus clair au plus abject, de peau obscure, un système allant tellement de soi qu'on dit qu'il a conquis le racisme, que cette hydre appartient au passé... en oubliant que les hydres auxquelles on coupe les têtes... Ce pays n'est ni l'Afrique du Sud, ni une quelconque petite mairie française. C'est l'Amérique, États-Unis de paix, liberté et fraternité, brotherly love, etc.

"Plus vous séjournez dans ce pays, plus vous commencez à comprendre". C'est cette Amérique obscure qu'ausculte Ifemelu, l'héroïne, celle d'un racisme ordinaire. Alors qu'Obama est sur le point d'être élu et que les temples de la Ivy League, les plus prestigieuses universités nationales, étalent leur progressisme avec morgue, une jeune nigériane débarque.

Pas l'immigrée typique poussée par la famine ou un coup d’État, bien que le souvenir des généraux autocrates est un souvenir jeune encore. Une simple étudiante issue de classes sociales plutôt privilégiées, le gratin lagotien. Son regard, finalement, n'en est que plus légitime et percutant. Elle ne porte pas la misère du monde, mais un regard vif et insolent sur le pays qu'elle adopte... et qui ne fait pas de distinction de classe. De race seulement, de couleur, de peau. Une étudiante qui s'intègre difficilement malgré les sésames, subit les petits mots, les petits gestes, des sous-entendus dont les Américains les plus à gauche ne sont pas vierges eux-mêmes, portant parfois peut-être trop loin et maladroitement leur intérêt et amour de la chose africaine.

Philadelphie et Baltimore avant Princeton. Les galères de petits boulots qui n'arrivent pas avant que, rendue célèbre par sa plume et son propos sur internet, un blog intitulé Observations diverses sur les Noirs américains par une Noire non américaine, on ne lui ouvre les portes de l'Alma Mater : Princeton. La classe. Une tante médecin, un neveux qu'elle adore, Dike, un amour laissé et perdu au Nigéria, Obinze, des amants de passage, le WASP trop propre sur lui, le Noir américain trop intello. Et retour à Lagos.

Le roman, sur quinze ans, va et vient entre le pays d'origine et les États-Unis, en passant par l'Angleterre où Obinze, un temps, séjourne. Ifemelu devient noire aux États-Unis comme Sartre devint juif, par le regard et le rejet des autres. Ce racisme du quotidien, elle nous le décrit par petites touches, subtilement, l'intellect au garde-à-vous, la palette impressionniste, et 50 nuances d'un marron qui jamais ne convient. Sans parler des cheveux, éminent outil de l'intégration et du rejet chez la femme africaine ou noire-américaine : le roman débute dans un salon de coiffure... Nous sommes donc tous racistes, certains moins que d'autres. A ces derniers, Ife donne le nom d'''obi ocha. Un coeur clair''.

Cette Amérique d'Obama et de Ferguson, Chimamanda Ngozi Adichie la met en boite, elle novellise la question noire dans une épopée qui est un régal, régal littéraire, régal d'intelligence, régal d'humanité. ''A moins que le moment soit venu d'éliminer le mot ''raciste''. De trouver quelque chose de nouveau. Comme ''syndrome du trouble racial'' (...) : bénin, moyen et grave''.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 01/06/2016 )
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