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Comme de bien entendu
Mikhail Rudy   Le Roman d'un pianiste - L'impatience de vivre
Le Rocher - Le roman des grands destins 2008 /  19.90 € - 130.35 ffr. / 204 pages
ISBN : 978-2-268-06635-6
FORMAT : 15cm x 24cm

Date de parution : 04/09/2008.
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Dans l'Ukraine soviétique naît un enfant doué pour le piano. Ce don le conduira à passer à l'Ouest et devenir un concertiste de renommée internationale.

Malgré les péripéties, il est possible de retracer de cette manière si linéaire le récit autobiographique qu'un éditeur a jugé bon de commander à Mikhaïl Rudy. Couvert de récompenses, célébré par le théâtre et la télévision, réunissant suffrages critiques et publics, le pianiste représente une figure de pop star de la musique classique, une icône romantique. C'est suffisant pour en faire un objet de consommation dont cet ouvrage est un produit dérivé supplémentaire, d’ailleurs agrémenté de quelques pages de photographies à la gloire de notre héros.

Non que la lecture soit totalement dépourvue d'intérêt. Le récit est fluide, des premières années difficiles à Donetsk, dans une famille bouleversée par le régime, aux triomphes sur les scènes les plus prestigieuses. Le lecteur assez complaisant assiste ainsi à l'éveil d'un don musical, à sa structuration par l'école soviétique, au déplacement à Moscou que cela implique, premier d'une longue série. C'est là que Rudy commence à frayer avec les milieux antisoviétiques et dissidents, fréquentant le marché noir pour y trouver des publications interdites. Le KGB ne pouvant ignorer ce qui se passe au Conservatoire, réserve de munitions dans la guerre culturelle en cours, les conséquences n'épargnent pas le jeune pianiste. Sa brillante trajectoire est perturbée, des pressions s'exercent ; il y résiste avec le soutien d'amis et de relations d'intérêt. Vient alors le temps des concours internationaux, qui, avec la mansuétude oublieuse ou chanceuse du régime, permettent à Rudy de franchir le rideau de fer. C'est d'abord une certaine bohème parisienne, puis l'expérience américaine, puis le contact des plus grandes institutions classiques européennes. Rudy est devenu l'un des interprètes les plus reconnus du piano. La boucle se ferme quand il peut revenir en Union Soviétique, en pleine Perestroïka, avec l'espoir de revoir enfin ses parents.

Bien sûr il vaut mieux avoir de la sympathie pour le personnage, interprète et auteur, pour apprécier son oeuvre écrite. Il ne s'agit guère plus que de la célébration d'un destin, certes atypique. Rudy semble plus souvent ballotté par les événements qu'influent sur eux. Ses choix politiques sont guidés par les rencontres et les conseils, et s'il devient en France, du moins pour un temps, l'image de la dissidence – de même qu'il deviendra plus tard l'image du dissident de retour dans l'URSS finissante –, c'est à son corps défendant, comme exécutant, marionnette d'une stratégie élaborée par d'autres. Il évoque régulièrement sa quête spirituelle, commencée avec les lectures clandestines et poursuivie quand le destin généreux lui a permis de parcourir le vaste monde. Malheureusement il ne développe guère ce qu'il présente comme recherche intérieure d'une grande profondeur, et le lecteur doit se satisfaire de bien plates maximes pour tout viatique : «Toute religion est bonne si elle rend la personne plus tolérante, en empathie avec les autres. (…) J’en conclus que le plus important dans la pratique religieuse n’est pas forcément de suivre les rites mais de faire un travail sur soi-même, pour devenir une personne meilleure» (p.80).

Mikhaïl Rudy n'apparaît pourtant pas déplaisant dans ces pages. Il est conscient de la chance qui a été la sienne, lui permettant notamment de partager des heures musicales ou de vie avec beaucoup des grands noms de la musique classique du XXe siècle, de Rostropovitch à Messiaen en passant par Maazel ou Karajan. Il relate ces rencontres avec humilité, décrivant la richesse de ces milieux créatifs. Les pages les plus intéressantes sont bien évidemment celles qu'il consacre à la musique, elles restent malheureusement très pâles comparées aux oeuvres qu'il évoque. «Et c’est peut-être le seul regret de ma vie, de ne pas être devenu un véritable écrivain» (p.144). Effectivement.


Marc Lucas
( Mis en ligne le 27/10/2008 )
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