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Littérature -> Récits |
| Marc Lambron Tu n'as pas tellement changé Le Livre de Poche 2016 / 5.90 € - 38.65 ffr. / 123 pages ISBN : 978-2-253-06855-6 FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm
Première publication en janvier 2014 (Grasset) Imprimer
Comment endurer la perte dun être aimé ? En 1995, Philippe est mort du sida. Vingt ans plus tard, son frère publie son hommage au défunt, un texte laissé dans un tiroir toutes ces années. Dans Tu nas pas tellement changé, Lambron se plonge dans le deuil. À travers sa propre douleur, il dresse un portrait intime, vivant et immédiat de son frère.
Il sagit également dun portrait de lauteur lui-même : «Si grand soit lamour, si fort le passé partagé, mon frère, à partir dun certain moment, ne ma plus été sensible que par la blessure. Cest à cette aune que je mesure combien je lai connu, combien je lai méconnu. On peut retracer de lextérieur la vie dun autre ; mais le deuil ne renvoie quà soi, oblige à retrouver en soi le souvenir de ce qui fut». En se confrontant à la douleur, Lambron sest trouvé face à lui-même, à sa mémoire et à son écriture.
On peut donc retracer les contours de deux frères. Deux garçons sur une photo : lun le bras posé sur lépaule de son petit frère, comme pour le protéger. Lui, il relève la main pour saisir celle de son grand frère. Deux êtres de même nom, du même sang, irrémédiablement séparés par la maladie : «Les deux enfants que nous étions à jamais sur la photo, la place absente où pour toujours il se tiendrait, ma main cherchant son épaule et ne trouvant que le passé». Le frère ne se fait plus sentir que par le poids de son absence. «Obsédé par la trace, par labsence de trace», Lambron cherche son frère dans des fragments, des instants. Mais la mémoire est fuyante, il poursuit ces instants : «La mémoire ne vaut pourtant guère mieux que le désert : cest toujours sur du sable que lon déchiffre le nom des êtres aimés. Puis le vent passe». Dans un des passages les plus noirs du récit, Lambron écrit quon survit quelque temps dans la mémoire des autres, puis tout disparaît.
Mais il y a une beauté dans la fugacité de la vie. Lambron raconte : «devant cette échéance qui le talonnait, et qui aurait pu être la mienne, jai été contraint dapprendre le prix de linstant, daller les yeux ouverts vers la beauté du monde». Son frère, mort davoir aimé, a vécu dune telle intensité.
Un texte magnifique, qui ne se laissera pas oublier...
Mari Berg Henie ( Mis en ligne le 30/05/2016 ) Imprimer
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