|
|
| Littérature -> Fantastique & Science-fiction |
 | |
Lire l’avenir dans les lignes des livres | | | Brian Aldiss Supertoys - Intelligence artificielle et autres histoires du futur
Métailié 2001 / 18.02 € - 118.03 ffr. / 220 pages
ISBN : 2864243946
traduit de l’anglais par Catherine de Léobardy
Imprimer
Quand Steven Spielberg sort un nouveau film, c’est toujours un événement et A.I, sur les écrans américains depuis le 4 juillet (!), n’a pas fait exception à la règle. Pour sa sortie en France, le film a bénéficié d’une intense campagne de communication, qui a permis à tout véritable amateur de science-fiction de connaître la genèse de ce long-métrage. A savoir, un projet initial de Stanley Kubrick, repris par le réalisateur de E.T., et fondé sur une courte nouvelle de l’américain Brian Aldiss parue en 1969, enrichie par la suite de deux autres histoires. C’est cette mini trilogie qui est aujourd’hui rééditée en français, en même temps qu’une quinzaine d’autres "histoires du futur".
Au menu, donc, une vision de l’avenir dans laquelle les forces économiques et technologiques ont pris le pas sur tout le reste. Mais l’essentiel du propos de Brian Aldiss ne consiste pas à illustrer gratuitement le futur. Il nous en parle comme s’il s’agissait de notre présent. Il suppose que le lecteur est aussi à l’aise dans son univers que dans son propre quotidien, ce qui le dispense de décrire de façon détaillée les lois, les règles et les habitudes du monde de demain. Il en effleure seulement les contours, au détour d’un mot, d’un sigle, d’une phrase, et épargne ainsi au lecteur les fastidieuses pages pseudo scientifiques des mauvais livres de SF. Il peut alors se concentrer sur l’essentiel : dépeindre la nature humaine, illustrer ses travers, ses peurs, ses doutes, ses égarements et sa recherche de l’amour. Celle de David, par exemple, le petit garçon de Supertoys, qui cherche en vain l’amour de sa mère. Celle-ci, en attente d’une autorisation administrative qui lui permettra d'être enceinte, n’arrive pas à s’attacher à ce petit androïde ignorant de sa condition.
Tout au long du recueil, le style de Brian Aldiss, froid comme une machine, glacial et impersonnel, illustre parfaitement sa crainte d’un futur déshumanisé, extension logique de notre société actuelle. Ainsi, dans Sans Tête, un homme décide de se faire exécuter volontairement dans un stade rempli à craquer, pour accéder à une notoriété complètement inutile. Cette nouvelle fait autant écho au voyeurisme des émissions de real-TV qu’aux tentatives de diffusion sur le web de la vidéo de l’exécution de Timothy McVeigh aux Etats-Unis. Dans III, l'auteur aborde les dérives d’un capitalisme où la conquête du système solaire se fait au mépris de la vie et de la dignité humaine, dans le seul but de vendre et de faire du profit.
Toutes les histoires d’Aldiss ne sont certes pas d’un niveau égal. Mais, pour la plupart, elles posent sur le monde le regard poétique d’un homme inquiet, angoissé par l’avenir de ses semblables. Un regard profondément pessimiste mais extraordinairement lucide.
Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 30/11/2001 )
Imprimer
Ailleurs sur le web :Un entretien avec Brian Aldiss sur le site Allocine.com | | |
|
|
|
|
|