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Un oiseau rare
Louis-Stéphane Ulysse   Harold
Serpent à plumes 2010 /  19 € - 124.45 ffr. / 342 pages
ISBN : 978-2-268-06978-4
FORMAT : 13cm x 20,5cm
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Harold aura connu une trajectoire exemplaire : il fait ses débuts dans le music-hall en Europe, d’où il est invité aux Etats-Unis pour jouer son numéro à Las Vegas. Après quelques cahots dans son parcours, qui laisseront un mystère dans sa biographie, il est repéré par l’industrie du cinéma, d’abord pour y être figurant. Mais il crèvera l’écran et se révélera une vedette dirigée par rien moins qu’Hitchcock, et vivra une relation avec la star émergente du moment. Harold connaîtra ainsi Hollywood, ses paillettes mais aussi ses zones d’ombre.

Mais, et c’est là son moindre défaut, Harold est un corbeau. Et c’est en suivant ce corbeau qui vole très au-dessus du commun des mortels, qu’ils soient ses congénères ou des humains, que Louis-Stéphane Ulysse nous fait vivre cette saga, suivie pour bonne part dans les pas de Chase, le dresseur qui recueille Harold et plonge avec lui dans l’industrie du cinéma, ses spots étincelants, ses rouages broyeurs et ses méandres glauques.

Comme il aime à le faire, Ulysse brode son récit autour de personnages réels, en glissant de nombreuses anecdotes croustillantes, vraies ou fantasmées, et quelques citations pour donner le ton : «Un soir, passablement ivre, Chilton se leva droit comme un «I» rubicond, en l’occurrence le «I» de ivrogne, pour s’exclamer : «Cherchez pas, si les serveurs sont plus là, c’est qu’on nous les a servi à bouffer !» Il fut aussitôt éjecté par le fond de son pantalon par les serveurs qui n’avaient pas encore été mangés» (p.171). Mais le nœud de l’histoire est bien le tournage des Oiseaux, par un Hitchcock alors omnipotent à Hollywood, avec dans le premier rôle une jeune mannequin inconnue, Tippi Hedren.

L’auteur s’est soigneusement documenté sur ce tournage, délectable matériau pour un romancier avec son ambiance virant au cauchemar, et les nombreux thèmes artistiques qu’offre cet univers où tout est plus compliqué que l’image projetée le laisse croire, en premier lieu la relation que noue «Hitch» avec «Tippi». Il est aussi beaucoup question de doublure, de faux-semblant, de clinquant et d’artifice, tant l’ambition du film nécessite de moyens parfois détournés, y compris pour les dresseurs à la fois aux prises avec les nuées d’oiseaux et avec des automates qui les remplacent. Chase lui-même s’y perd, se trouve à son corps défendant pris dans les sales histoires des seconds couteaux sans scrupules d’Hollywood, cette mafia des studios dont les idoles sont Sinatra et Bugsy Siegel, où fraie également la doublure lumière de Tippi Hedren, par ailleurs actrice de films plus osés.

Harold survole tout ce monde, disparait et réapparait à sa guise, surtout auprès de Tippi qu’il privilégie, au grand dam de tous les personnages qui gravitent autour d’elle. En revanche personne d’autre n’est épargné, pas même Chase qui lui a sauvé la vie, et son bec dur et froid peut faire des dégâts. Cet oiseau est un véritable protagoniste, doté d’une volonté propre, d’une adresse certaine et d’un type d’intelligence que lui envie même Hitchcock. Il donne le ton au récit qui, au-delà de la chronique, rend hommage au film qui l’a inspiré, avec une ambiance noire (aile-de-corbeau, bien sûr) et des échappées fantastiques rendues glaçantes par le fait que comme dans Les Oiseaux, les attaques ne sont pas explicitées, et qu’en particulier Harold ne donne pas sa version des faits, ni son témoignage de présence ou d’absence dans des situations que le lecteur impressionnable pourrait lui attribuer.

Néanmoins, l’intensité décroît après le climax que constitue la fin du tournage, et un bon tiers final du livre est plus laborieusement consacré à tirer les fils entrecroisés par les épisodes précédents. L’auteur y manifeste davantage d’ambition, en faisant rebondir par exemple l’assassinat de John Kennedy dans son histoire, mais moins de maîtrise. Malgré cela, Harold est une réussite, ne serait-ce que pour ce personnage de corbeau, qui mérite bien le rôle-titre.


Marc Lucas
( Mis en ligne le 13/10/2010 )
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