| Xavier Patier Chaux vive
La Table Ronde 2012 / 17 € - 111.35 ffr. / 189 pages
ISBN : 978-2-7103-6963-9
FORMAT : 14,1 cm × 20,6 cm
Imprimer
Pascal est étudiant à Bordeaux, il suit des cours d’archéologie ; son existence misérable et solitaire, dans une pauvre chambre coincée en banlieue entre périphérique et voie ferrée, sans amis ni famille, sans autres repères que ses cours à la faculté, ses rendez-vous quotidiens à la messe – il est très croyant et pratiquant - et ses retours le week-end dans sa triste campagne familiale, son existence, donc, va croiser le chemin d’Aubin, son exact contraire : bourgeois des riches familles de Bordeaux, dandy et beau parleur, fêtard autant que Pascal est reclus. Selon un principe physique souvent transféré en littérature, qui affirme que les contraires s’attirent, Aubin va prendre Pascal sous sa coupe, l’entraîner avec lui dans de folles soirées, lui faire rencontrer sa femme – dont Pascal va tomber éperdument amoureux -, et le lancer dans le monde scabreux des «affaires». On devine rapidement qu’Aubin va entraîner Pascal vers sa perte…
«Aubin, avec son large sourire, portait en lui quelque-chose d’opposé à mon idéal, un ricanement conquérant et cynique. A le voir, je songeais que mes opinions, mes désirs, et même le sens de ma vie perdaient de leur évidence. J’aurais dû le fuir. Mais j’étais curieux de mieux le connaître, et je n’avais pas d’autre relation que lui» (p.30).
Librement adapté d’une affaire criminelle récente, ce roman de la manipulation nous offre de très beaux moments teintés d’ironie, voire de cynisme : la description de la bourgeoisie quasiment décadente des «belles familles» bordelaises, l’opposition entre les maisons cossues et le quartier misérable où habite Pascal, une «journée du patrimoine» complètement ratée à la ferme familiale de Pascal, etc. Il reste que ce n’est pas dans le fil du récit, dont le dénouement est assez attendu dès la rencontre entre les deux hommes, que se situe le principal intérêt du livre, mais plutôt dans le style de l’auteur, particulièrement ironique et incisif, et dans l’atmosphère pesante que les mots de Xavier Patier réussissent à rendre. On se prend néanmoins à imaginer tout au long des pages ce qu’aurait pu donner ce récit s’il avait été présenté depuis le point de vue du «manipulateur» plutôt que depuis celui du «manipulé»…
Michel PIerre
( Mis en ligne le 24/09/2012 )
Imprimer | | |