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| Anne Percin Les Singuliers Rouergue - La Brune 2014 / 22 € - 144.1 ffr. / 392 pages ISBN : 978-2-8126-0678-6 FORMAT : 14,0 cm × 20,6 cm Imprimer
On se souvient quAnne Percin avait publié dans la même collection (''La Brune'' au Rouergue) un très beau roman, sensible et émouvant, Premier été, en 2011. Les Singuliers (son troisième roman) appartient à un autre registre : écrit sous la forme dun roman épistolaire, la correspondance entre trois jeunes gens (deux cousins, Hugo et Hazel Boch, et lami de Hugo, Tobias) se situe du 12 août 1888 au 20 décembre 1890.
Tous trois sont peintres ; lorsque le roman souvre, Hugo est à Pont-Aven où la conduit son envie de voir travailler les «peintres de plein air». Il trouve un logement dans la même pension que Gauguin. Anne Percin livre un roman historique sur ces années déterminantes de lart occidental, entre impressionnistes et nabis, les avant-gardes et le refus de lacadémisme quincarne Hugo en particulier. Leurs cousins, Anna et Eugène Boch, auxquels les lettres font fréquemment allusion et qui, eux, sont des personnages réels appartenant à la riche famille dindustriels de la porcelaine Villeroy et Boch, furent peintres lun et lautre (néo impressionnisme) et appartinrent à un cercle bruxellois davant-garde, les Vingt. Ils furent également des collectionneurs avisés et cest Eugène Boch qui acheta à Van Gogh la seule uvre quil vendit de sa vie, ''La Vigne rouge''. Anne Percin joue avec habileté entre vrai et imaginaire vraisemblable ; Hazel et Hugo forment le pendant dEugène et dAnna.
Le lecteur replonge dans les débats de lépoque : tissant anecdotes, faits historiques et inventions heureuses, Anne Percin construit un récit distrayant pour qui a envie de revenir à ces années fondatrices où sécrit la modernité du XXe siècle à venir. Elle a à son actif une abondante uvre de romancière jeunesse et Les Singuliers, à certains égards, apparait comme davantage de nature à intéresser un public adolescent quadulte. Sans doute est-ce dû à laspect un peu didactique du texte : on apprend tout de lexpérience de Pont Aven, lombre de Van Gogh passe, Hugo doute de son talent et se tourne vers une technique neuve, la photographie, en se spécialisant (pour gagner sa vie lorsque ses parents industriels lui coupent les vivres) dans la photographie mortuaire, Hazel à Paris évoque la construction de la tour Eiffel.
Peut-être en raison de la structure même du récit - roman épistolaire et en dépit des passages réussis et de lintérêt du sujet, le lecteur restera-t-il un peu sur sa faim : les personnages sont des silhouettes davantage que des êtres de chair, et lauteure névite pas toujours la tentation de lencyclopédisme.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 25/08/2014 ) Imprimer
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