| Marc Pondruel Le Voltigeur JC Lattès 2014 / 18 € - 117.9 ffr. / 330 pages ISBN : 978-2-7096-4477-8 FORMAT : 13,5 cm × 20,5 cm Imprimer
Si lon veut bien séloigner un peu des auteurs que la critique attend à chaque mois de septembre, la découverte des premiers romans peut elle aussi piquer la curiosité du lecteur désireux dêtre étonné. Cela dit, il y aurait sans doute des statistiques à faire pour savoir combien de premiers romans prennent la forme, comme cest le cas ici, dun roman dapprentissage.
En exergue, deux citations comme autant de repères voire de généalogies à laquelle on se réfère quand lon doit dire doù lon vient, raconter les expériences qui vous ont forgées : Dylan et Céline, deux images de la transgression mais aussi deux figures tutélaires dont le souffle a animé des cohortes de jeunes gens qui les ont finalement assez souvent invoquées. Car cest bien là la difficulté du roman dapprentissage, quil soit autobiographique ou non : parvenir à transformer une expérience personnelle qui en cela, est singulière, tout en évitant lécueil du cliché.
Le narrateur entame des études supérieures à Lille et rencontre quelques jeunes gens avec qui il va constituer une bande, garçons originaux férus de littérature, dhistoire ou de musique, parmi lesquels, Witold, le voltigeur qui vit sur le fil du rasoir. On retrouve ici les codes du genre : un groupe damis qui permet de sémanciper du milieu dorigine, un camarade admiré et dominant, la découverte de nouveaux continents musicaux ou littéraires et limpression que la vie, subitement, devient plus ample. Il existe sans nul doute, dans un ciel où domine la mélancolie, le souffle dune grande tristesse non feinte : celle davoir vu séchapper sans avoir pu le retenir, parce quainsi va la vie, quelque chose dimportant comme le regard dun père, à défaut dune conversation qui na jamais eu lieu ou bien la joie immense qui naît quand on se reconnaît un ami.
Là où perce le talent, cest que ce qui pourrait sembler un lieu commun, parle vrai tout dun coup. Ce que Marc Pondruel réussit le mieux, loin des récits de biture étudiante, des nuits de révision ou des portraits de camarades excentriques, loin aussi des références qui sentent un peu la pose (Drieu ou Kerouac), ce sont les moments de solitude et de mélancolie quand la jeunesse perçoit subitement que pour elle aussi, le temps file et que si, en quelques mois, la vie parfois se révèle enfin à vous, ces moments déblouissement prennent vite les teintes de la nostalgie.
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 17/09/2014 ) Imprimer | | |