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Faire un peu de place au mystère
John Burnside   L’Été des noyés
Métailié - Suites 2017 /  12 € - 78.6 ffr. / 326 pages
ISBN : 979-10-226-0668-4
FORMAT : 12,6 cm × 19,1 cm

Première publication française en août 2014 (Métailié - Bibliothèque écossaise )

Catherine Richard (Traducteur)

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L'Été des noyés : voilà un titre exemplaire pour un roman policier digne de ce nom ! Et, de disparitions énigmatiques, il est bel et bien question dans ce nouvel opus de John Burnside, écrivain écossais qui excelle à susciter l'angoisse à travers des évocations mêlant réalité et surnaturel. Mais, ici, point de détective, point de filature, point d'interrogatoire. C'est à une enquête - ou plutôt une quête - intime que nous assistons, celle de Liv, qui s'efforce de comprendre «ce qui se passa cette année-là», dix ans auparavant, «un été long, blanc, d'histoires que l'on accepte tous, tout en sachant que d'un bout à l'autre elles n'étaient que mensonges».

A cette période-là, dans une île du nord de la Norvège, la jeune femme de dix-huit ans vit avec sa mère, Angelika Rossdal, une artiste peintre réputée qui s'est retirée du monde pour continuer à créer, mais accueille régulièrement chez elle sa cour de «prétendants». Dans ce quasi huis-clos, rares sont les personnes que côtoie l'adolescente, mis à part Kyrre Opdhal, le «vieil homme», que «les gens de la ville» considèrent comme fou et qui lui conte «des vieilles légendes», notamment celle de «la huldra [...] une jolie femme en robe rouge dansant dans les prés, attendant qu'un jeune homme vienne à passer pour le séduire et le supprimer». Un jour, on retrouve le corps de Mats Sigfridsson, puis celui de son frère, Harald, «inexplicablement noyés dans une eau trop lisse, trop calme, et bien trop indifférente pour avoir voulu d'eux». Suivront la disparition, tout aussi étrange, de Martin Crosbie, un voisin voyeur, et celle de Maia, une amie des deux premiers garçons... Le même été, Liv apprend une autre disparation, autrement plus naturelle, celle d'Arild Frederiksen, son père, qu'elle n'a jamais connu.

Questionner l'origine au moment, si déstabilisant, du passage à l'âge adulte : tel est donc le projet de ce récit initiatique, dans lequel la protagoniste, à la recherche de son identité, tente d'y «voir» (le verbe est omniprésent) au milieu du brouillard - celui de ce paysage arctique des confins ; celui des paroles et des «mythes» qui l'entourent ; celui, aussi, de son propre esprit, «embrumé [...]» et confronté aux «infimes poches d'apocalypse dans l'étoffe de la réalité, prêtes à crever et à se répandre sur nous, de même que le premier souffle d'une tempête fond sur le rameur en haute mer». Apprentissage, fantasmagories ou folie ? Il appartient à chaque lecteur d'en décider. Car, qui pourrait le contester : «Tout le monde devient un peu fou de temps à autre».

Nul doute, en tout cas, qu'au fil des pages chacun sera ensorcelé par l'atmosphère fantastique de ces lieux inquiétants et la poésie hallucinatoire qui s'en dégage : «la lumière terrestre verdâtre qui baignait les pierres taillées et le bosquet de bouleaux», «quand le vent souffle très fort, on entend toutes sortes de choses dans les prairies ; des bruits d'animaux dans les herbes, éphémères, isolés ; un bébé pleurant à quelques mètres, dans une dune ou une ombre qu'on ne trouverait jamais, si longuement, si minutieusement qu'on cherche [...] même par ces nuits claires, lumineuses, ces nuits toujours idylliques dans les brochures touristiques, on entendait des frôlements bizarres, un sifflement éloigné, un chant fugace loin en mer».

Cette lumière des «nuits blanches» est, in fine, un personnage à part entière, qui nimbe toute l'intrigue d'un halo mystérieux et fascinant, laissant Liv, dix ans plus tard, même devenue «cartographe», assez désorientée - et nous avec elle ! Ainsi, John Burnside confirme son talent d'écrivain mais aussi de peintre, comme celui qui a «vu au travers de l'étoffe du monde dont convient le reste de l'humanité» et qui a «dû recommencer, à l'aide de mesures, de traits de crayons et craies de couleurs, sur le meilleur papier que l'on puisse acheter», pour le plus grand plaisir du lecteur !


Sarah Devoucoux
( Mis en ligne le 23/06/2017 )
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