| Laurent Saulnier Bonneville Le Dilettante 2016 / 17 € - 111.35 ffr. / 20 pages ISBN : 978-2-84263-861-0 FORMAT : 12,1 cm × 18,0 cm Imprimer
Pour son premier roman, Laurent Saulnier imagine le récit loufoque dune dérive hallucinée, dune descente aux enfers autour dune automobile extraordinaire qui illumine la vie du narrateur et le conduira au pire. «Bonneville a fêté ses quarante cinq ans cette année. Modèle quatre portes sorti des chaînes en 1969, huit cylindres en V et plus de trois cents chevaux sous son long capot crème jadis aussi brillant quun miroir impeccablement astiqué, au moins les jours de soleil» (p.13).
Cette Pontiac a été la folie du père qui la bichonne, malgré lhostilité de son épouse obsédée par son poulailler. A sa mort, le narrateur, seul garçon, se lapproprie, mais elle croupit, en panne, au fond du garage en planches. Le fils, après une enfance et une adolescence chaotiques, années cruelles pour cet être rustre et solitaire, un peu simple desprit, devient pompiste dans une station-service. Il y fait louverture seul, le matin de bonne heure. Il aimerait faire réparer la voiture pour pouvoir voyager. En attendant, il part en imagination avec la belle américaine, accumulant les kilomètres inventés.
Pour se distraire de sa routine, il regarde passer les trains devant chez lui, sa maison étant une gare désaffectée ; et il fait briller Bonneville, se met au volant, allume la radio et rêve quil parcourt des paysages tous différents. Arrivera-t-il à la faire réparer pour réaliser son rêve ? Conduire la Pontiac ? Il est prêt à tout... même au pire...
Laurent Saulnier fait le portrait dun jeune homme à la santé mentale fragile, à limaginaire infini et torturé. Lécriture est énergique, précise et imagée, dans un langage parlé, ironique qui oscille entre rires et larmes. «Souvent javais entendu dire que les plus cinglés étaient ceux qui paraissaient les plus normaux mais je ny croyais pas, il suffisait de regarder la tête dun nazi pour être convaincu du contraire» (p.218).
Un roman très attachant autour dune voiture comme héroïne, à lire pour le suspense et pour son humour noir.
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 23/09/2016 ) Imprimer | | |