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Beaux arts / Beaux livres -> Peinture & Sculpture |
| François Avril Jean Fouquet Bibliothèque nationale de France 2003 / 7.70 € - 50.44 ffr. / 56 pages ISBN : 2-7177-2256-4 FORMAT : 24 x 30 cm Imprimer
Le peintre et enlumineur Jean Fouquet (vers 1420-1478 ?) a été cette année mis à lhonneur à travers deux expositions complémentaires. La première, consacrée à luvre originale et majeure de lartiste dans la France de la fin du Moyen Âge, sest tenue dans la galerie Mazarine de la Bibliothèque Nationale, à Paris, du 25 mars au 22 juin. En parallèle, et à la même période, le musée Condé de Chantilly, en proposant une exposition sur lart de lenluminure au XVème siècle, rendait visible au public les uvres de Fouquet conservées dans ses collections. Outre lhabituel catalogue qui paraît dans le cadre de lexposition, la BNF publie également un ouvrage plus court, sobrement intitulé Jean Fouquet, qui reprend les grandes articulations de lexposition et apporte les clefs techniques et esthétiques permettant la compréhension de luvre de celui qui fut peintre officiel de Charles VII et Louis XI.
Louvrage nest pas biographique : la chronologie de lavant-dernière page constitue la référence principale à la vie de Fouquet, vie qui devient un outil de contextualisation et de compréhension dune démarche artistique originale. Ces cinquante-six pages apportent des informations denses à un lecteur en quête de données précises. Le livre souvre sur létude des influences qui ont nourri le travail de lartiste : primitifs flamands et italiens constituent ainsi deux sources différenciées dont le maître français tire une part de son inspiration. Exemples comparés et illustrés à lappui, on découvre comment lartiste sappuie sur les deux grandes tendances de lart occidental du début du XVème siècle : il synthétise et transforme ces apports pour créer un art nouveau et personnel, et amène en France une notion fondamentale : «la conscience de la dignité de lartiste» (p. 1). Logiquement, létude se clôt par la mise en exergue du rayonnement de luvre de Fouquet, qui apparaît en particulier avec la naissance et le fonctionnement durable dun atelier auprès du maître. Installé à Tours, dans un val de Loire qui connaît un essor cuturel et artistique grandissant depuis la période du « Royaume de Bourges », Fouquet influence le travail des peintres et enlumineurs tourangeaux. Mais son élève le plus célèbre reste le maître du Boccace de Munich qui exporte réellement son savoir-faire.
Entre ces deux extrémités, le livre déroule sa thématique autour de grands chapitres qui mettent en avant la complétude de luvre de Fouquet. Que ce soit lart du portrait qui sort des académismes jusqualors admis, la peinture religieuse, ou encore lenluminure, tous les domaines auxquels touche le maître connaissent une évolution résolument moderne. Fouquet développe une constuction géométrique des uvres, offrant ainsi un art profondément réfléchi «qui ne laisse pas de place au hasard de la réalisation» (p. 20). Les proportions, les couleurs, toutes les composantes des uvres permettent un implicite et une symbolique riches, et parfois jugés provocants par les contemporains de lartiste.
Tout simbrique finalement pour rendre évidente limportance dun peintre qui servit les plus grands patrons de son temps. La démonstration est efficace et des plus sérieuses, mettant en avant les aboutissements les plus récents des recherches sur Fouquet. François Avril, conservateur général au département des Manuscrits de la BNF et commissaire de lexposition dédiée à Fouquet, dirige logiquement louvrage et signe la plupart des textes. A cela sajoutent des extraits du livre-catalogue de lexposition, dus notamment à dautres spécialistes de lartiste (Nicole Reynaud) ou de la période (Claude Gauvard). Les études sappuient sur des exemples précis ; liconographie est dailleurs de très grande qualité. Limage est à lhonneur et le texte la décrypte. Cest un vrai « beau livre » que ce Jean Fouquet ; sa concision ne doit pas tromper. Sorte de catalogue abrégé, louvrage ne se perd pas en détours, létude est technique et érudite, passionnante pour les médiévistes amateurs, sans doute austère pour un public moins acquis à la cause de lart du XVème siècle.
Marie Cadou ( Mis en ligne le 15/10/2003 ) Imprimer | | |
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