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Natures mortes, art vivant
Nathalie du Pasquier   Natures mortes
Editions du CRAFT 2004 /  12 € - 78.6 ffr. / 40 pages
ISBN : 2-9521491-0-0
FORMAT : 16x23 cm

Catalogue d’une exposition qui s’est tenue au Centre culturel de St Yrieix La Perche du 20 novembre 2003 au 14 janvier 2004, et au Musée des Arts Décoratifs à Paris du 7 avril au 16 mai 2004.

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.

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Natures mortes raconte la rencontre d’une artiste avec la céramique dans le cadre du Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre. Cette artiste, dont l’oeuvre tourne principalement autour de la question de l’objet, initie une recherche plastique sur la poésie des choses et joue avec les archétypes. C’est un ouvrage sans prétention, au texte subtil, bien réalisé, qui colle dans sa forme avec son sujet et qui, malgré sa simplicité formelle, dégage une préciosité, comme une pépite de bibliothèque.

Ce n’est pas un indispensable livre de référence dans le sens où il parle d’un moment très précis dans l’oeuvre d’une seule artiste ; mais il est l’occasion de s’interroger sur ce que devient, dans l’art vivant, le genre artistique de la nature morte. Le point de vue n’est pas historique mais critique. Le texte «Une philosophie des choses ordinaires» de Gérard-Georges Lemaire décrypte en six pages l’expérience céramique de Nathalie du Pasquier. La brièveté du texte donne la part belle aux photographies et laisse de la place pour une traduction en italien (l'artiste travaille en Italie) et en anglais. L’écriture est ciselée. L’auteur ne nous impose pas sa vision, il nous pousse à regarder les oeuvres et initie des pistes pour le spectateur. Il donne du sens sans avoir recours à une érudition écrasante.

Une petite notice en deuxième de couverture porte un bref regard rétrospectif sur le travail de cette artiste au parcours éclectique. Nathalie du Pasquier s’est fait connaître avant tout comme designer du groupe Memphis qui a marqué les années 1980 et où elle créait textiles, tapis, et mobilier en s’intéressant au motif et à la composition. Depuis 1987, elle se consacre exclusivement à la peinture. L’ouvrage ne présente pas son oeuvre peinte pour pénétrer directement dans son monde en trois dimensions. Toutefois, le début du deuxième paragraphe, «Intermède», nous confirme que l’artiste peint des objets, des objets qu’elle présente réunis dans des compositions d’ensemble. La plasticienne appartient donc à la longue histoire de la nature morte qui a toujours signifié des intentions différentes selon les époques et leurs modes de pensée. L’auteur rapproche la manière de du Pasquier à celle du peintre moderne Morandi : désengagée et poétique. Il aurait pu également citer Ettore Sottsass ou les oeuvres récentes de Fabrice Domercq, les photos de Wolfang Tillmans, les compositions de Tony Cragg, et les détournements d’un Bertrand Lavier... Mais ces rapprochements font appel à une culture qui n’est pas nécessaire pour se délecter de ces oeuvres simples. De plus, la liste des artistes s’intéressant à l’objet est bien longue mais ils sont moins nombreux à qualifier leurs oeuvres de natures mortes.

Les oeuvres sont reproduites en pleine page, au fil du texte, sur vingt planches. Sur un épais socle de bois clair, l’artiste organise des choses que l’oeil aimerait bien reconnaître. Bouteilles d’eau minérale, de soda, de vin, de produit ménager se combinent entre elles avec des entonnoirs, des assiettes, des flacons ou des gobelets... Parfaites répliques, ces objets usuels sont transposés en porcelaine de Limoges et colorés de façon uniforme et vive par un émail opaque. Les objets vus indépendamment sont compacts, denses, pleins et leurs arrangements en étagère créent des architectures insolites mais néanmoins harmonieuses. «Le dépouillement extrême est sans cesse troublé et enrichi par d’infimes décalages visuels et sémantiques» (p.8). Dans leur matière et leur fragilité nouvelles ainsi que leurs assemblages déroutants, les objets deviennent les muses d’une abstraction concrète.

La troisième de couverture porte la présentation du Craft –Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre de Limoges. Son projet, soutenu par les institutions culturelles, est de créer «un lien expérimental et artistique entre industriel et designers, architectes, plasticiens en utilisant la céramique comme médium.» Au regard des oeuvres de Nathalie du Pasquier, le projet de collaboration semble parfaitement fonctionner. Preuve est faite ici, qu’être limogé [envoyé à Limoges] peut avoir du bon.


Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 24/06/2004 )
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