|
Beaux arts / Beaux livres -> Peinture & Sculpture |
| Collectif Julio Gonzalez Hazan 2004 / 35 € - 229.25 ffr. / 157 pages ISBN : 2-85025-973-X FORMAT : 23x29 cm
L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur. Imprimer
Ce livre est économe en mots mais il nous offre à voir. Ce silence convient dailleurs très bien aux oeuvres de Gonzalez. A les regarder avec attention, on comprend quelles diffèrent des sculptures de son époque, qui jouaient des creux et des bosses. Gonzalez travaille avec lespace ; le vide et le plein sont alors ses enjeux : la nuance est plus tranchée ; il en naît une sorte dEloge de lombre comme en parle Tanizaki, et, si il y a une dimension zen, elle est agrémentée à la sauce catalane qui ne dément pas un certain brutalisme. Ses origami de métal à la composition sensible et douce laissent la griffe de la cisaille à vif et dissèquent crûment les plans du sujet.
En cela, cest une véritable leçon de cubisme. Ami et collaborateur de Picasso, le sculpteur fait partie de lavant-garde des années 20 et sait mettre en volume les idées du Maître. Lutilisation de plaques de tôle, radicalement nouvelle dans lhistoire de lart, y est sans doute pour beaucoup. En effet, en rompant avec la taille ou le modelage, mises en oeuvre traditionnelles de la sculpture, Gonzalez invente lassemblage et le découpage qui sont en lien direct avec la technique plus picturale du collage. Gonzalez est à laise avec la matière. Issu dune famille dartisans, il apprend très tôt les techniques du forgeron et sinitie à lorfèvrerie. Le travail de la matière en prise directe est une des caractéristiques de son oeuvre, éloignée de tout illusionnisme ou de volonté décorative mais avec un côté propre et fini qui rend lensemble profondément aimable. Ses oeuvres ont la personnalité du sculpteur, dun fond rebelle et visionnaire mais dune expressivité retenue, discrète.
Ce livre est un catalogue dexposition efficace. Jean-Luc Daval y signe un texte dune dizaine de pages où il résume habilement lart de Gonzalez dans lhistoire de la sculpture moderne. Des photos pleine page reproduisent lintégralité des oeuvres exposées ; elles sont souvent proches de la grandeur nature car les oeuvres sont de petite dimension, ressemblant ainsi à des maquettes ce qui renforce encore leur côté expérimental. Le musée Maillol nous a proposé cet hiver non pas une grande exposition mais plutôt une exposition dimportance. En effet, la dernière rétrospective Julio Gonzalez à Paris datait du début des années 50, la sculpture étant souvent oubliée parmi le grand cirque culturel : intransportable, encombrante, difficile à scénographier.
Lintervention de LIvam a ici certainement facilité la donne puisque le musée de Valence détient un fond Gonzalez très complet. Une centaine doeuvres ont été sélectionnées parmi les quatre cents que compte cette collection. Elles couvrent lintégralité de la carrière du sculpteur, depuis ses dessins, ses pièces dorfèvrerie quil fabriqua à ses débuts, jusquà ses compositions abstraites de tiges hirsutes et la Tête de Montserra qui témoigne dun certain retour à lordre dans les années 40. On reste marqué par ses masques développés dès 1928, au primitivisme latent, à la composition synthétique, si tellement là mais aussi ailleurs, à limage de Julio Gonzalez, génie précurseur à la personnalité si discrète
Béatrice Brengues ( Mis en ligne le 15/03/2005 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Picasso et la céramique de collectif | | |
|
|
|
|