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Le métro Guimard, de A à Z | | | Frédéric Descouturelle Michel Rodriguez André Mignard Le métropolitain d'Hector Guimard Somogy 2003 / 30 € - 196.5 ffr. / 152 pages ISBN : 2-85056-669-1 FORMAT : 17x25 cm
L'auteur du compte-rendu : Thomas Roman, diplômé de Sciences-Po Paris, titulaire d'un DEA d'Histoire à l'IEP, y poursuit sa recherche en doctorat, sur les rapports entre jeunesse et nationalisme en France à la "Belle Epoque". Imprimer
Cest dans une approche encyclopédique, éclairant les divers aspects (historiques, techniques et culturels) du métropolitain parisien, que Frédéric Descouturelle, Michel Rodriguez (spécialistes de lArt nouveau) et André Mignard (responsable de la mission historique Guimard à la RATP) proposent cet agréable panorama sur le métro façon Guimard.
Louvrage ne remplace donc pas le Guimard, lArt nouveau (Gallimard, 1992) de Philippe Thiébaut mais en constitue un complément centré sur limmense entreprise urbanistique décidée pour lexposition universelle de 1900. Ce qui frappe dailleurs est le court laps de temps durant lequel larchitecte (jamais diplômé par ailleurs !), disciple de Viollet-le-duc, travailla personnellement sur le projet, alors que ses entrelacs métalliques si fameux sont devenus les emblèmes non seulement du métro parisien mais de Paris même ! En 1903, la collaboration entre lartiste et la CMP (Compagnie du Métropolitain de Paris, ancêtre de lactuelle RATP) sachève au terme dun procès où Guimard perd la propriété artistique sur ses fameux entourages, candélabres et édicules «libelluliens» ! Si la CMP poursuit un temps lédification dentourages au style Guimard, tout stoppe avec la Première Guerre mondiale. Commence alors le temps du reflux et des remplacements. Cest très récemment, depuis les années 1990, que, bénéficiant du grand renouveau patrimonial, les uvres restantes ont connu une restauration.
Louvrage est une admirable entreprise didactique retraçant tant lhistorique de la collaboration de Guimard, depuis le concours lancé par la CMP en 1899 jusquau contentieux de 1903, que les procédés mobilisés (fonte, ferronnerie, assemblage, usage de la lave émaillée, calligraphie) pour la réalisation des célèbres bouches de métro. Les sources utilisées en la matière sont riches et diverses : des dessins appartenant aux archives du Musée dOrsay ou aux collection de la RATP et des archives de Paris et, surtout, ces collections de cartes postales de lépoque permettant de visualiser un Paris couleur sépia, les parisiens en costume et canotier, les dames relavant leurs robes pour descendre les escaliers, et ces pavillons et édicules aujourdhui disparus pour la plupart.
Les polémiques autour de ces réalisations typiquement «Art nouveau» amuseront sans doute. On peut lire notamment dans le Figaro, en 1904, une violente attaque contre «ces rampes contorsionnées, ces lampadaires bossus qui signalent par dénormes yeux de grenouilles les [
] stations du Métropolitain.» (cit.p.101) Car la symbolique évoquée par les assemblages en fonte de Guimard, bien quil ne sen soit jamais expliqué, déroute, aujourdhui encore, quil sagisse des références aux mondes végétal et animal (ossements stylisés, carapaces dinsectes) ou de lévocation sublimée de lérotisme (certains voient dans les portiques à double candélabres des trompes de Fallope, à moins que ces candélabres ne soient pris tantôt pour des phallus, tantôt pour des mantes religieuses ). Ce nest donc pas un hasard si ces bouches de métro - véritables mangeuses dhommes ! -, plurent tant aux surréalistes et alimentèrent les imaginaires cinématographique et bulliste (pensons à Bilal).
Le métropolitain dHector Guimard est donc loccasion dune odyssée dans le Paris de la «Belle Epoque». On verra moins dans louvrage un «livre dart» ou un «beau livre» quun beau manuel expliquant le métro Guimard de A à Z. La mise en page sapparente dailleurs au type du manuel, avec de nombreux encarts colorés présentant lart nouveau, Viollet-le-duc, etc. ou reproduisant des extraits darticles de presse ou de procès verbaux. Lensemble est un agréable survol de la question où manque peut-être un portrait plus approfondi du personnage, assurément atypique.
Thomas Roman ( Mis en ligne le 19/11/2003 ) Imprimer | | |
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