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De la Bible Belt au Nigeria...
Eugene Richards   Le Gros bébé - et autres histoires
Phaidon 2004 /  95 € - 622.25 ffr. / 425 pages
ISBN : 0-7148-9388-9
FORMAT : 23x30 cm

L'auteur du compte rendu : Jessica LaMantia a fait ses études à Hamilton College à Clinton (New York) où elle a obtenu un diplôme en Français et une autorisation à enseigner. Elle a récemment reçu un diplôme de niveau maîtrise à Middlebury College. Ses études se sont concentrées sur les politiques culturelles et l'histoire contemporaine françaises, ainsi que la mondialisation. En France, elle a travaillé à la Délégation aux Arts Plastiques du Ministère de la Culture et mené une recherche sur la place de la France dans le monde de l'art contemporain.
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Parce qu'il n'a aucune prétention, seul Eugene Richards pouvait être aussi proche de ses sujets que dans le présent ouvrage. Ce photographe américain, dont les travaux sont acclamés aux Etats-Unis, publie en France chez Phaidon Le Gros Bébé (The Fat Baby). Ce livre est un recueil de quinze récits photographiques qui sont autant de petits bijoux journalistiques.

Les histoires couvrent un très large spectre thématique et géographique, depuis les petites villes de la Bible belt aux Etats-Unis, jusqu'aux émeutes de Los Angeles, un hôpital de guerre bosniaque ou encore la misère au Nigéria... Les récits qui accompagnent les photos illustrent avec profondeur chaque conflit évoqué. Cette combinaison du texte et de l'image offre au lecteur comme une fenêtre sur chaque hitoire, conférant à l'ouvrage une dimension réellement unique. Ces histoires, en soi, nous font voyager dans des endroits inconnus de tous, où personne ne s'aventure ni ne se trouve invité... personne sauf Eugene Richards.

Dans l'une de ces histoires, intitulée Une petite guerre, Richards se retrouve en lien étroit avec un gang de Kansas City, dans le Missouri. Vu du dehors, personne ne s'imaginerait les dangers tapis derrière les portes de cette maison délabrée, quartier général d'un gang de 17 membres, où règnent drogues et armes. Là, Richards s'est trouvé particulièrement touché par Sarah, une jeune femme à la vie vampirisée par le groupe. L'occasion d'un coup d'oeil sur la vie d'une femme se battant pour cultiver sa différence parmi les descentes de police, les piqûres et le crack. Les photos nous dévoilent une Sarah déprimée, fatiguée, fragile, blonde et la peau palie, les lèvres gersées, des boutons... «On n'avait pas de mal à imaginer sa mort», commente Richards... Alors que la fin de l'histoire approche, on voit le gang aller dans un cimetière du coin, rendre hommage à un ami mort d'un coup de feu l'année passée. Ces images, que les plus timorés supporteront mal, permettent néanmoins à Richards de nous offir un regard précis sur des réalités sordides.

Une autre histoire, Evolution, donne l'occasion au photographe de prendre un ton plus personnel en le plongeant dans l'histoire de sa propre famille. Au travers d'images poignantes et d'un témoignage sincère, l'auteur nous raconte l'histoire d'une mère vieillie, sa maladie et sa mort, et l'impact que sa perte eut sur son père. Nous assistons alors au déclin de la santé aussi bien physique que mentale de ce dernier, né du refus de la mort. Richards n'étant jamais détaché de ces histoires, celle-ci ne fait évidemment pas exception. Dans le deuil de sa mère, faisant face, déménageant son père du foyer familial dans une maison de repos, l'auteur exprime ses frustrations, ses faiblesses. Et l'histoire raconte bien une évolution, la patine du temps sur des photos de famille remontant aux années 1980 ou aux 60 ans d'anniversaire de mariage de ses parents. Nous voyons des photos au temps de la maladie de la mère, puis après sa mort et, quelques années plus tard, quand son père rejoint une communauté d'adultes en Floride. Comme une confession, une intimitié dite en mots et images par le photographe, sur les siens, et donc lui-même.

En se familiarisant avec le travail d'E. Richards, l'on réalise qu'il dit chaque histoire avec le même respect, les mêmes sensibilité et honnêteté que lorsqu'il parle de ses proches. Son implication si candide dans la plupart des sujets est peut-être la clé de son talent artistique. Cette collection émouvante de quinze histoires montre la profonde diversité de ce dont Richards est capable. En outre, la traduction en français de The Fat Baby a été faite à la perfection, rendant l'essence véritable du texte anglais original.


Jessica LaMantia
( Mis en ligne le 30/06/2004 )
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