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Beaux arts / Beaux livres -> Histoire de l'art |
| Andreas Beyer L’Art du portrait Citadelles & Mazenod 2003 / 168 € - 1100.4 ffr. / 416 pages ISBN : 2 85088 188 0 FORMAT : 28 x 33
Relié toile sous jaquette et étui illustré.
274 illustrations couleur.
Prix de lancement 139 au lieu de 168 jusqu'au 30/6/2003.
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Panorama de lhistoire du portrait dans la peinture - de lAntiquité à lépoque moderne -, LArt du portrait est un précieux témoignage de ce quest une intelligente critique dart. Aussi éloigné dune interprétation analogique et trans-historique à la Malraux que dune froide critique historiciste, Andreas Beyer, historien dart et des sciences allemand, excelle à dégager les enjeux dun genre longtemps sous-estimé par les théoriciens, mais qui eut la préférence quasi constante des artistes. Erudition en matière diconographie permettant de resituer les oeuvres dart dans un rapport à la tradition ; aptitude à décrire les tensions qui les parcourent (idéalisme et réalisme, par exemple, chez Raphaël) ; finesse dune analyse psychologique utilisée avec circonspection : tout concourt à faire du texte une étude sans cesse au service de son objet, la peinture, et servie par des reproductions impeccables et remarquablement choisies.
Si le portrait est un passionnant objet détude, cest quil concentre en effet la plupart des fonctions de la peinture. Chez Rembrandt comme chez Dürer, lautoportrait sert de champ dexpérience pour des études de physionomie. Mais le portrait a aussi une fonction sociale, lorsquil sagit pour le peintre de figurer sa position mondaine comme représentant des arts libéraux : un statut dont, à partir de la Renaissance, ce dernier tire une «gloire quasi aristocratique». Enfin, mémorable leçon de poétique, le portrait nous apprend à dissocier réalisme et mimésis. Le réalisme, cest-à-dire le moment où la préférence de lartiste va à la représentation des traits individuels plutôt quà la reproduction des stéréotypes, ne passe pas forcément par limitation rigoureuse du réel et la ressemblance : voilà ce que certains maîtres de lécole flamande comme Franz Hals commencent à mettre en évidence. Les notions dindépendance ou dautonomie de loeuvre par rapport au vieil impératif de ressemblance : tel est ce qui se joue avec le portrait, faisant de ce dernier, notamment à travers les portraits de Fragonard et plus tard de Monet, un véritable laboratoire de lart moderne. Lart hyperréaliste se souviendra de cette leçon, dans la mesure où il postule cest là aussi bien sa raison dêtre - que la définition photographique, pour précise quelle soit, nest pas encore la vraie ressemblance.
Lessai dAndreas Beyer est finalement à cent lieues du catalogue de portraits que lon pouvait craindre. Il nous fait revivre, à travers le genre protéiforme du portrait, lhistoire de la peinture : ses intuitions géniales, ses apogées, ses réinventions. Loin de répéter cette histoire, il la revisite, mettant par exemple en lumière le fait que le peintre, quil sappelle Velázquez, Goya, Ensor ou encore Picasso, a présentes à lesprit les toiles de ses devanciers, cest-à-dire peu ou prou lhistoire de la peinture. Que le portrait soit non pas un genre canonique voué tôt ou tard à la répétition académique mais quil soit au contraire un genre aux frontières mouvantes, capable denglober éventuellement dautres genres voilà qui fait de lui le vecteur dune expérience artistique souvent originale.
Thomas Regnier ( Mis en ligne le 29/05/2003 ) Imprimer
Ailleurs sur le web :Lire l'introduction d’Andreas Beyer sur le site des éditions Citadelles & Mazenod. | | |
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