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Le temps retrouvé d’un chef-d’œuvre inconnu | | | Cécile Scailliérez Quentin Metsys : Sainte Madeleine Musée du Louvre - Solo RMN 2008 / 13.50 € - 88.43 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7118-5333-5 FORMAT : 14 x 22 cm Imprimer
En 2006, une grande découverte est passée inaperçue : une Sainte Madeleine conservée depuis le XIXe siècle à labri des regards dans la collection de la famille Rothschild, a été réintégrée au corpus duvres du peintre anversois Quentin Metsys (Louvain, vers 1465-1466 - Anvers, 1530). Acquise par le Musée du Louvre, il nexistait à ce jour aucune publication révélant les secrets de sa singulière beauté. Grâce à un texte à la fois érudit et synthétique, le dernier opuscule de la collection «Solo» du Musée du Louvre est une source unique de connaissance pour les amateurs des écoles nordiques de la Renaissance. Écrit par Cécile Scailliérez, conservatrice en chef au département des Peintures du musée, louvrage nous transmet létat des savoirs qui ont conduit les institutions publiques à déclarer cette uvre exceptionnelle «Trésor national».
Tel un enquêteur, le lecteur suit pas à pas la démarche de Cécile Scailliérez au sein de lunivers maniériste du début du XVIe siècle, marqué par la manière de Léonard de Vinci. Recoupant les informations tant archivistiques que stylistiques sur Quentin Metsys, la conservatrice, auteur dun précédent et remarquable "Solo" sur la Joconde, dévoile peu à peu les mystères de ce tableau méconnu. Grâce à la richesse des reproductions en couleur de louvrage, le béotien simprovise alors historien de lart : la madone de Dessau apparaît ainsi comme une pâle copie, un peu empesée dans ses habits, et la nouvelle acquisition du Louvre comme un petit bijou de subtilité psychologique, une splendeur picturale aux tons chatoyants.
Lapproche iconographique de louvrage révèle les enjeux religieux du tableau sans doute peint vers 1515-1520 : le thème de la conversion de la Madeleine et du salut individuel de lâme est une préoccupation alors développée par Erasme, un ami proche que Metsys a portraituré. Lartiste a par ailleurs peint une Madeleine conservée à Anvers qui faisait jusquà présent référence. Les nombreux exemples de Madeleine analysés dans le présent recueil témoignent de ce phénomène iconographique original. Ils permettent aussi dappréhender lexceptionnelle qualité de luvre acquise : le déhanchement du corps et lexpression dinquiétude de la Sainte traduisent avec grâce le moment où son âme bascule vers la sainteté. Elle laisse derrière elle tout un monde durbanités dépeint dans le paysage lointain avant de rejoindre une vie dascète décrite dans la pénombre dune grotte.
Alors que la Joconde suscite les commentaires les plus hallucinés, il est étonnant que la révélation dun tel chef-duvre ait si peu suscité démois : pour sen convaincre, il suffit à lamateur de rendre visite aux oeuvres de Metsys conservées au Louvre. Accrochée aux côtés du célèbre Changeur et sa femme, et de La Vierge Rattier, proche du Saint Jérôme de Patenier, la Madeleine surprend par sa monumentalité : lambition picturale de Metsys et son humanisme seront pour le lecteur la source dun plaisir rare.
Nolvenn Bécel ( Mis en ligne le 05/03/2008 ) Imprimer | | |
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