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| Yves Porter Arthur Thévenart Palais et jardins de Perse Flammarion - Patrimoine & civilisation 2002 / 55 € - 360.25 ffr. / 239 pages ISBN : 2080108387 Imprimer
Cest à un opus en trois actes que nous invitent Yves Porter, spécialiste de la civilisation iranienne et Arthur Thévenart, photographe réputé, pour nous faire découvrir les splendeurs des Palais et Jardins de Perse. Trois parties en effet qui senchaînent comme les étapes de construction dun majestueux édifice : trouver leau qui fertilise, bâtir les murs et les coupoles qui abritent, revêtir de céramiques qui émerveillent. Leau, la terre, le feu, sous la majestueuse voûte céleste du désert oriental : les quatre éléments réunis pour former des esquisses du Paradis originel que les religions du Livre ont traditionnellement situés dans ces régions matricielles.
Leau est la condition de la fondation dans ses terres de Perse qui englobaient autrefois des terres beaucoup plus vastes que lIran actuel et sétendaient jusquaux confins de lAfghanistan. Mais leau, dans ces contrées, ne se donne jamais : elle sarrache par lesprit et par leffort. Avec une étonnante ingéniosité, les Perses surent creuser la terre, bâtir des puits, canaliser et bâtir des réseaux dune grande complexité. Avec cette eau, ils irriguèrent le sol, le cultivèrent et en tirèrent les substances nécessaires à la sédentarisation. On comprend dès lors limportance prise par le précieux liquide et son omniprésence dans les palais et mosquées comme signe de la richesse, de la profusion et de la générosité. Jets deaux, bassins et canaux sont les points et axes autours desquels sélèvent les constructions de Perse, et non pas de simples éléments de décorations adjoints.
Vient ensuite le temps de lédification. Avec de la brique, également arrachée au sol dans une région pauvre en pierre de taille. Il en résulte des bâtiments sobres, fiers, aux couleurs ocre parfaitement accordées au bleu du ciel. Le bois étant une denrée rare, réquisitionnée pour les forges et les chantiers navals, la charpente nexistait quasiment pas en Perse. La solution imaginée fut le recours à la voûte et à larc de cercle dont les courbures confèrent une infinie douceur à laustérité des murailles et des terrasses. Rivalisant de créativité, les architectes et les artistes surent les fractionner, les séparer, les redoubler, multipliant ainsi les angles et les éclairages. Ainsi, ces structures belles et variées rythment les palais qui mêlent subtilement espaces publics, semi-publics et privés, jusquau harem mythique.
Pour parfaire ces oeuvres, la céramique fut lornement le plus couramment utilisé. Parfaitement maîtrisée depuis des siècles par les Perses, la technique de la céramique permet de décorer lintérieur et lextérieur des constructions avec des motifs et représentations dune richesse et dune délicatesse incomparables : calligraphies, végétations, scènes de chasse, de fêtes, de batailles,
À ses céramiques, des miroirs furent souvent associés, démultipliant les effets de lumière et de profondeur. Ce foisonnement, qui toujours sait éviter lécueil de la surcharge, contraste avec laustérité des déserts proches et la pauvreté des faubourgs contemporains.
Élégance, sobriété, richesse : autant de caractéristiques des Palais et Jardins de Perse que les auteurs ont parfaitement su mettre en valeur avec un goût dune grande sûreté et une érudition à toute épreuve. Cest une civilisation magnifique qui reprend vie dans cet album et quun nom, plus que tout autre, symbolise : Ispahan !
Guillaume Zeller ( Mis en ligne le 18/12/2002 ) Imprimer | | |
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