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Le chasseur en représentation
Claude d' Anthenaise   Portraits en costume de chasse
Ed. Nicolas Chaudun 2010 /  39 € - 255.45 ffr. / 175 pages
ISBN : 978-2-350-39082-6
FORMAT : 23,6cm x 29,8cm
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Les éditions Nicolas Chaudun, qui existent depuis 2004, se sont fait une spécialité des livres d’art. Portraits en costume de chasse s’inscrit dans cette ligne. L’ouvrage est beau, les reproductions de bonne qualité, et le texte fort intéressant.

En sept courts chapitres, une introduction («Le lancer») et un épilogue («Sonner la retraite»), on parcourt toute l’histoire de la chasse en tant que loisir social : de Gaston Phébus (XIVe siècle, «Tout mon temps, me suis délecté de trois choses, les armes, l’amour, la chasse») à Claude Lepape (''Portrait par l’objet'', 1953). Loisir royal et aristocratique, la chasse a donné lieu à de multiples représentations, dont le portrait qui évolue au rythme des mutations culturelles de la société occidentale. Se faire représenter en chasseur est un privilège royal durant fort longtemps, tant l’art de la chasse est associé au pouvoir. Il se construit tout un ensemble de codes pour dire à la fois les règles de la chasse et la supériorité du roi.

Sport d’hommes mais également de femmes : Christine de Suède, Isabelle de Portugal, Adélaïde de Savoie, la duchesse de Berry… se font représenter en chasseresses. On représente également en chasseur l’enfant-roi, même s’il est trop jeune pour ce type d’activité, comme le jeune Louis XIV dans le portrait de Juste d’Egmont (v.1643) : une façon d’affirmer, de confirmer, son pouvoir et ses droits.

L’oiseau de proie sur le poing, ou encore fusil et chien, inscription dans un paysage de campagne indiquent l’activité de chasseur pour ces rois qui durant tout l’Ancien Régime sont aussi des «rois de guerre», alors que chasse et guerre entretiennent des rapports étroits. Les souverains espagnols ont multiplié ce genre de portraits, Velázquez en fonde les principes (en réutilisant des codes utilisés par le Titien pour le portrait de Charles Quint), Goya poursuit, et ses portraits (involontairement ?) cruels disent le déclin de la royauté espagnole. Les souverains anglais en font autant avec Van Dyck (Charles Ier en «chasseur»).

Cet art royal est imité hors de la cour, par exemple dans les milieux bourgeois hollandais qui n’ont jamais fait de la chasse un privilège aristocratique : on y voit alors une de ces scènes d’intimité qu’apprécient les amateurs du XVIIe siècle, avec des familles rassemblées pour accueillir le chasseur. Les gentilshommes se font volontiers représenter en chasseurs, à la suite du peintre François Desportes qui réalise son autoportrait en chasseur (1699) pour sa réception à l’Académie : élégamment vêtu, fusil à la main, accompagné de son chien, tableau de chasse à ses pieds, François Desportes fonde les règles d’un genre largement déployé au XVIIIe siècle. Est aussi reprise de ce tableau l’habitude de peindre des tableaux de chasse, natures mortes de gibier, confrontées aux chiens vivants, l’inerte et le vif dialoguant pour le spectateur. Le grand siècle de la bourgeoisie qu’est le XIXe s’approprie le modèle aristocratique de la chasse, et le bourgeois aime se faire représenter au milieu des trophées accumulés. Enfin un dernier chapitre est consacré à la chasse à courre («A cor et à cri»), qui rassemble les codes les plus aristocratiques, de nos jours encore même si elle n’est que résiduelle.

La documentation rassemblée est abondante, variée et fort intéressante, elle permet de mieux comprendre les codes de valeurs et systèmes de représentation autour de ce loisir aristocratique à l’origine ; elle est aussi plaisir esthétique. On suit l’évolution du portrait au fil des siècles (en particulier dans le chapitre 5, «Permis de port d’armes»), jusqu’à la façon dont le chasseur disparait dans le «portrait» de Lepape…

Une belle et intelligente invitation à rêver à un sport qui, s’il existe encore, est profondément différent d’esprit, en parcourant une galerie de peintures occidentales.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 17/12/2010 )
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