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| Laure Adler Stefan Bollmann Les Femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses Flammarion 2011 / 29.90 € - 195.85 ffr. / 136 pages ISBN : 978-2-08-126137-2 FORMAT : 22cm x 28cm Imprimer
A la suite du succès du précédent (Les Femmes qui lisent sont dangereuses), Laure Adler et Stefan Bollmann publient un nouveau volume : Les Femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses. Dans sa préface, Laure Adler rappelle que «lire, cest se mettre en danger», inversant ainsi le sens du titre, et place le livre sous le regard de Virginia Woolf. Dans son introduction, Stefan Bollmann rappelle la représentation des lectrices dans la peinture occidentale, l'évolution de leurs lectures : du livre dheures au roman. Cest essentiellement ce dernier genre littéraire qui intéresse Stefan Bollmann qui y voit un lieu fondateur de lintelligence féminine. Il considère que la lecture de romans donne aux femmes les clés du monde extérieur, une grande intelligence de la vie, une empathie avec les autres, qui leur permet ensuite de saffirmer avec efficacité dans une société quelles comprennent de façon fine. La lecture - en particulier de romans donc - devient un acte à la fois fondateur et subversif, elle fait des femmes des êtres indépendants : «La lecture rend les femmes intelligentes en leur donnant des clés pour comprendre lexistence. Elle leur fait réaliser que la vie est parfaitement imprévisible et que loin dêtre un inconvénient, cette imprévisibilité est une chance, voire un bonheur».
A travers six thèmes (Les vertus libératrices de la lecture, Livre adoré, rends-moi pieuse, Lheure des femmes a sonné, Le palais pourpre du doux péché, Quand la lecture devient professionnelle, Une façon de prendre de la distance), on suit tous les profils de lectrices, toutes les raisons de lire. A chaque fois, une illustration, bien choisie, qui ouvre des perspectives. Une illustration qui est parfois le sujet même de la rubrique : telle cette peinture dEdouard Gelhay (1856-1939) représentant des dames élégantes dans une bibliothèque dont Stefan Bollmann pense quil sagit dune mise en garde contre laccès des bibliothèques à des lectrices qui ne pourraient y semer que le désordre, vision misogyne de la lecture donc
Au contraire de la scène dintimité du tableau de Silvestro Lega (1826-1895) qui peint en 1881 une femme âgée guidant une fillette dans lapprentissage de la lecture.
Lecture qui ouvre des horizons : femme alanguie qui rêve dans sa baignoire, près dun livre ouvert (Alfred Stevens, vers 1867) ; mais aussi une lecture qui permet de sortir de la «condition féminine», comme pour cette femme assise sur un fauteuil qui lit le journal tandis quun homme allongé sur le canapé lit un roman : une lecture inversée de limage courante des pratiques de lecture, de lun et lautre sexe, que donne ici Gustave Caillebotte en 1880. Comme dans le premier livre, on apprécie une iconographie riche, souvent peu connue, en tout cas des lecteurs français. Chacun fera ses choix personnels : lune des plus belles images est sans doute cette photographie dHenri Cartier-Bresson (1908-2004) : ''Les jambes de Martine'', 1967.
Louvrage est beau et plutôt stimulant dans sa façon de confronter le lecteur aux différents modes de lecture. Juste une réserve de lectrice pointilleuse : dommage que soit passée inaperçue cette double faute page 111 : le titre «Pour palier à la monotonie» ! Au risque de jouer les «femmes savantes», rappelons que le verbe pallier est transitif et sécrit avec deux L
En fin de volume, une courte bibliographie pour aller plus loin et un index bien utile.
Un ouvrage qui devrait sans difficulté, comme le précédent, rencontrer son public de lecteurs, hommes comme femmes
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 23/12/2011 ) Imprimer
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