| Jean Coulon Serge Bramly Les Baisers Flammarion 2012 / 39.90 € - 261.35 ffr. / 253 pages ISBN : 978-2-08-126611-7 FORMAT : 21,2cm x 28,2cm Imprimer
Acte de reconnaissance, de tendresse, damour
la variété des baisers est, lorsque lon y réfléchit, infinie. Dans ce beau livre, Serge Bramly - sur une proposition de Jean Coulon - propose une promenade à travers les représentations du baiser dans lart.
Dans une introduction éclairante quil préfère compte tenu du sujet - nommer «Préliminaires», l'auteur sinterroge sur tous les sens possibles du baiser et limpossibilité dépuiser le propos : «En vérité, on entre dans un livre dart comme on échange un baiser. Tous deux laissent sur une note de frustration, qui les rend également indispensables, car lun et lautre ont cette vertu de sattirer, déchauffer limagination, de ne jamais satisfaire, de creuser des manques, de donner un avant-goût de possession, de réclamer, de faire désirer sans cesse davantage. (
) Si bien que lorsquun livre dart prend le baiser pour sujet, cest un peu, il me semble, comme sil se mettait lui-même en abîme» (p.17). Une mise en abîme réussie dans cet ouvrage, à la belle maquette, aux reproductions de bonne qualité, commentées par Serge Bramly qui les remet en situation, les explique, les décrit, suggère des pistes de réflexion. En fin de volume, un index des illustrations donne les dimensions de luvre et le lieu de conservation.
Le lecteur circule dun thème à lautre : baisers à la pelle, baiser mythologique, baiser de la Vierge, le baiser tel quen lui-même, la nature vraie du baiser, baiser de vie baiser de mort, le baiser cannibale, lillicite, etc... Pour illustrer ces thèmes, Serge Bramly a réuni une riche iconographie, essentiellement occidentale, même si l'on retrouve le superbe appuie-tête attribué au Maître des coiffures en cascade (Luba, République démocratique du Congo, XIXe siècle), ou les Amoureux dHokusai, et encore des sculptures indiennes. Brancusi, Rodin et Klimt sont évidemment au rendez-vous. Vaste panorama qui va des peintures romaines à Louise Bourgeois, en passant par quelques «baisers de cinéma», des baisers les plus chastes aux plus fougueux.
Un beau livre qui à la fois donne à voir une iconographie intéressante et donne à réfléchir sur la richesse du thème, lambivalence du baiser (par exemple, le célèbre «baiser de Judas»), sa proximité éventuelle avec la mort, bien traitée dans le chapitre le «baiser cannibale». Loin dune lecture mièvre, cette anthologie montre au contraire le rapport de force, et la violence éventuelle du baiser.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 09/03/2012 ) Imprimer | | |