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Qu’est ce qui fait sourire Charlotte ?
Elisabeth Vedrenne   Charlotte Perriand
Assouline 2005 /  16 € - 104.8 ffr. / 79 pages
ISBN : 2-84323-660-6
FORMAT : 16,5x22,5 cm

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.
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Charlotte Perriand (1903-1999) est une figure centrale de l’avant-garde moderniste. Bizarrement, il n’existait pratiquement aucun ouvrage sur elle en dehors de ses mémoires (Une vie de création, Odile Jacob 1998) et ses carnets (Livre de bord 1928-1933, In Folio 2004). En vue de la rétrospective cet hiver au Centre Pompidou, plusieurs monographies viennent combler ce manque. Celle-ci parait chez Assouline, dans la prolifique collection «Mémoire du Style». Fidèle à la maquette bien établie de la collection, le livre commence par un texte court suivi d’une cinquantaine d’illustrations pour donner un aperçu synthétique d’un style.

Ici, Elisabeth Védrenne, une plume de la critique en design, signe un texte vif, teinté de l’agréable souvenir de ses rencontres avec la dame. Il faut dire que Charlotte Perriand était un tempérament. Passionnée, entière, généreuse, elle a su mener ses projets à bout avec beaucoup d’exigence, mais elle su aussi les mettre en cause, pour évoluer et rester, depuis les années 20 jusqu’aux années 60, au faîte de la création. Femme engagée plus que féministe, elle a incarné la Modernité et elle en est devenue une icône. Avec sa photogénie naturelle (dont le livre use), elle illustre un nouveau mode de vie libérée en déclarant : «Il vaut mieux passer une journée au soleil qu’à épousseter nos objets inutiles.» et crée des intérieurs au bon sens pratique tout féminin.

Dans l’agence de Le Corbusier, de 1927 à 1937, elle met en forme les idées du maître en matière de mobilier et d’aménagement intérieur. Du Fauteuil grand confort à la Chaise longue basculante, toujours édités aujourd’hui et devenus des classiques prisés des architectes en mal de références, elle invente avec Le Corbusier et Jeanneret un mobilier de métal à la hauteur de la nouvelle architecture, qui supplante les créateurs Art Déco et rivalise avec les productions fonctionnalistes du Bauhaus. En 1940, toujours curieuse et intrépide, elle accepte une invitation du Ministère japonais du commerce, et séduite par le pays puis coincée par la guerre, elle reste au Japon jusqu’en 1946. Elle y apprécie l’utilisation des matériaux traditionnels, notamment le bois, explore la notion de vide, et étudie les capacités de transformation de l’habitat japonais (mobilier amovible, parois coulissantes...). Quand elle revient en France, elle entame une longue collaboration avec Jean Prouvé sur du mobilier en tôle pliée à l’image de cette étagère en couverture de l’ouvrage. Mais elle travaille aussi avec le charpentier Chetaille sur des meubles en bois. Elle travaille dans l’épaisseur, de belles tranches de bois massif, de madrier ou de lamellé-collé aux formes libres. C’est d’ailleurs ce type d’éléments qui meuble son chalet de Méribel construit dans les années 1960, où elle a su mélanger des impressions vernaculaires à une structure moderne. Elle sait tirer partie de la lumière, de la chaleur du bois pour créer un univers simple et rassurant bien que rationaliste. L’auteur y voit là des qualités que seule une femme pouvait développer.

Si le mobilier de Charlotte Perriand est bien connu des amateurs, Elisabeth Védrenne veut aller plus loin et insiste sur son talent d’organisation, d’optimisation des espaces et de création d’ambiance. Elle voudrait nous faire découvrir l’architecte au-delà du designer ; malheureusement trop peu de photos soutiennent son propos, dans un choix iconographique général qui manque franchement d’originalité. Le livre n’en reste pas moins un bon ouvrage d’initiation où irradie au fil des pages le sourire de Charlotte, signe de son appétit de la vie et de sa liberté créatrice.


Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 05/10/2005 )
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