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Vae Victis !*
Venceslas Kruta   Les Celtes
Editions du Chêne 2004 /  45.50 € - 298.03 ffr. / 248 pages
ISBN : 2842774809
FORMAT : 24 x 34 cm
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* Malheur aux vaincus ! Le Gaulois Brennos occupant Rome au IVe siècle av. JC ne croyait pas si bien dire. Cinq siècles plus tard, les Romains ne laisseront de la civilisation celte que le souvenir des vainqueurs. A cet oubli succéda au XIXe siècle la récupération idéologique des nationalismes et régionalismes de tous poils. Vous qui avez vibré de toute votre âme celte parmi les dolmens bretons… vous ne vous êtes trompé que de quelques millénaires. Pour admirer les plus anciens témoignages celtes, il vous faudra visiter l’Est de la France, l’Allemagne ou la Bohème… ou encore lire le magnifique ouvrage de Venceslas Kruta.

L’érudition des textes ravira les étudiants mais pourrait dérouter les néophytes. Heureusement, une mise en page limpide soutenue par des reproductions splendides rend ce livre accessible à tous. Son auteur fait un point salutaire sur les dernières découvertes concernant les populations celtes, depuis leur apparition sur la scène historique au VIe siècle jusqu’à la conquête romaine. Cet ensemble culturel complexe était unifié par une langue et des pratiques religieuses communes. L’interdit religieux druidique qui pesait sur l’utilisation de l’écrit ne nous a laissé que des textes grecs et romains. Nous avons hérité de leurs auteurs le terme de « Celtes » (« Keltoi » en grec puis « Celtae » en latin) et, plus tard, du nom « Gaulois » (« Galli » en latin).

Les seuls témoignages légués par les Celtes sont donc les productions artistiques retrouvées par les archéologues dans les tombes et les sanctuaires. Leur analyse technique et thématique est cruciale : c’est là toute la richesse de ce livre. L’iconographie sert admirablement le propos et la compréhension du texte. Il est en effet primordial d’avoir des photos qui rendent intelligible et sensible la beauté essentiellement plastique de l’art celte. Art qui se joue de la lumière et de l’imagination. Art qui appelle le regard à se perdre dans les mouvements sans fin de ses formes. Mouvement perpétuel des âmes des guerriers celtes qui passent d’un corps à un autre et ainsi ne meurent jamais, selon César. Les torques et les bracelets laissent entrevoir au gré des triskèles et des oves, des visages sibyllins que seul l’initié sait discerner.

Loin de la fascination grecque pour la beauté harmonieuse du Cosmos, le génie celte veut nous en faire ressentir le mystère insaisissable. Diodore de Sicile nous rapporte ainsi l’étonnement, au IIIe siècle, du chef celte Brennos, devant les statues de divinités à Delphes : « que les Grecs croient que les dieux puissent avoir un tel aspect lui paraissait dérisoire ». Les représentations divines sont par essence énigmatiques et symboliques. L’extraordinaire bassin de Gundestrup (Danemark) nous offre les images du Panthéon disparu de ces orfèvres inégalés. Symbolique aussi l’utilisation du corail, ce sang de la mer importé d’Italie, et de l’émail rouge, ce sang né du feu, ornant les parures ouvragées des dépouilles princières. Un tel raffinement est bien éloigné de l’image du barbare chevelu, « le bon sauvage » civilisé par la culture latine.

En dehors des quelques langues en perdition, que nous reste t-il aujourd’hui de l’héritage des Celtes ? Des noms de ville comme Lyon, Lugdunum, la cité du Dieu solaire Lug ; des fêtes païennes comme Halloween (notre Toussaint) ; la grande fête annuelle de Samain où le monde des vivants rencontre celui des morts. Mais c’est l’originalité artistique des Celtes qui nous fascine : celle d’un art où le dynamisme des formes sollicite l’imagination et un regard actif, loin des formes figées d’un folklore nostalgique. Rendant justice à la virtuosité de ces artisans anonymes, les éditions du Chêne offrent aux amateurs un ouvrage de référence à un prix abordable.


Nolvenn Bécel
( Mis en ligne le 03/12/2004 )
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