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Art de vivre -> Gastronomie & Vin |
| Julie Schwob Guillaume Czerw Madeleine, ma petite reine First - Toquades 2009 / 6.90 € - 45.2 ffr. / 87 pages ISBN : 978-2-7540-1203-4 FORMAT : 20cm x 20cm Imprimer
Immortalisée par Proust, la madeleine mérite dêtre redécouverte à lheure où lon se pâme volontiers devant les cup-cakes anglo-saxons. Doù vient son nom ? Des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle qui lauraient faite cuire dans une coquille saint Jacques ! Ou dune jeune cuisinière ainsi prénommée dont la création aurait à ce point ravi Stanislas Leczinski en 1755, à Commercy, quil en aurait envoyé à sa fille Marie Leczinska, épouse de Louis XV. Si non e vero
Quoi quil en soit, ce qui ravit le lecteur (et le cuisinier) dans ce petit livre cest linventivité de son auteur : 19 recettes salées, 31 sucrées
La madeleine est bonne pâte (!) et saccommode de mille et une façons. La mise en scène de Julie Schwob pour les photos réalisées par Guillaume Czerw lui donne des allures de princesse. Lessentiel est de réussir la recette de base, de choisir avec soin son moule (en silicone de préférence). Ensuite on surprend avec des associations inattendues (le tiramisu à la framboise avec madeleines à la rose), on découvre toute la variété des madeleines salées, idéales en apéritif, et bien sûr on rêve en dégustant sa madeleine au thé Earl Grey
Et puis
rien que pour le plaisir, le texte de Proust : «Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée dune coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective dun triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où javais laissé samollir un morceau de madeleine. Mais à linstant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait dextraordinaire en moi. Un plaisir délicieux mavait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il mavait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon quopère lamour, en me remplissant dune essence précieuse : ou plutôt cette essence nétait pas en moi, elle était moi. Javais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. Doù avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais quelle était liée au goût du thé et du gâteau, mais quelle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature»...
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 13/05/2009 ) Imprimer | | |
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