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L’homme au micro vert
Alain Baraton   L'Homme à la main verte - Mes chroniques à France Inter
Rouergue 2006 /  29 € - 189.95 ffr. / 190 pages
ISBN : 2-84156-733-8
FORMAT : 19,0cm x 24,0cm
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Les samedis et dimanches à 8h45, les auditeurs de France Inter peuvent écouter avec bonheur, et apprécier les chroniques «jardin» d’Alain Baraton. Outre de répondre aux questions des auditeurs, Alain Baraton choisit de présenter une espèce animale ou végétale particulière. Ce sont ces moments radiophoniques qui sont ici rassemblés.

C’est au gré de ses envies que le jardinier en chef de Versailles nous invite à découvrir quelques 80 espèces présentes au jardin. Le plus grand éclectisme prévaut quant au choix et c’est tant mieux car tout le monde y trouve son intérêt : arbres et arbustes pour qui possède un jardin suffisamment vaste pour les accueillir ; bonsaï, cactus, orchidées et même sapin de Noël pour les plantes d’intérieur ; fleurs en tous genres, de toutes saisons ; principales variétés potagères ; espèces du verger très classiques comme le cerisier et le framboisier ou plus inhabituelles comme le kiwi ; animaux fréquemment rencontrés dans un jardin. Classées par ordre alphabétique à l’intérieur de chacun des thèmes afin de s’y repérer plus aisément, toutes bénéficient de l’éclairage pittoresque qui est la marque d’Alain Baraton.

Après une présentation générale non exhaustive de l’espèce ainsi que de ses principales caractéristiques et variétés, l’auteur évoque avec sa verve inimitable nombre d’anecdotes originales et de détails incongrus mais toujours sympathiques. Alain Baraton prend toujours la peine de nous expliquer d’où viennent les plantes et comment elles sont parvenues dans nos jardins. A cet égard, le dahlia est parmi les plus symptomatiques : originaire d’Amérique Centrale, il est d’abord importé et acclimaté en Europe pour... être mangé comme la pomme de terre ! Apparemment, le résultat est loin d’être à la hauteur des espoirs gustatifs mais heureusement pour nos jardins, dès les années 1800, la floraison du dahlia est découverte et admirée. Nous en bénéficions encore de nos jours. Origines, aventures, mythes et légendes, tout se mêle pour démontrer les liens étroits entretenus entre l’homme et la plante. C’est cette multitude de détails inattendus et toujours surprenants qui fait le charme des chroniques d’Alain Baraton et de cet ouvrage.

Bien sûr, on ne peut s’attendre ici au grand déballage des connaissances encyclopédiques de l’auteur ; ce n’est pas le but de l’ouvrage. Nous n’en avons ici qu’un aperçu, suffisant, avec nombre de conseils précis et fondamentaux concernant la culture des espèces présentées ou des «trucs» guidant le choix des plantes. Le tout bien illustré par une iconographie claire et lumineuse. On attend, et on espère, le traité complet de jardinage en 20 volumes à l’égal de la Géographie Universelle de Vidal de la Blache ou de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse. Ce sera pour une autre fois.

Comme à France Inter, on apprécie particulièrement l’humilité et la sympathique gentillesse du jardinier en chef, qui fait toujours preuve d’un agréable humour «pince-sans-rire» guilleret et rafraîchissant. D’autant que ce style bien choisi n’empêche pas Alain Baraton de défendre des positions claires en matière de jardinage. Positions de plus en plus répandues chez les jardiniers tant amateurs que professionnels et que l’on aime pour leur logique et leur engagement. Le jardinage qu’affectionne, pratique et promeut Alain Baraton, sans être pour autant dogmatique, est écologique et respectueux des plantes et des écosystèmes. L’idée directrice est simple : le jardinier est là pour créer une harmonie autour du végétal et de l’animal. Créer un désert biologique en épandant en masse engrais, pesticides et insecticides est à l’exact contraire de sa conception du métier de jardinier. Ainsi, par son ouvrage et ses chroniques, Alain Baraton fait encore oeuvre de pédagogie.

Curieusement, ce n’est pas cette prise de position, qui remet tout de même en cause nombre de pratiques habituelles, qui a créé le plus de remous mais plutôt sa manière peu orthodoxe, c’est le moins que l’on puisse dire, de tailler les rosiers. Jusqu’à présent, on assistait à l’affrontement de plusieurs écoles de taille qui toutes avaient en partage la complexité et demandaient une extrême technicité à l’appui de principes rigides. Avec une bonhomie espiègle et désarmante, Alain Baraton conseille simplement de rabattre d’un tiers le branchage à l’automne (pourquoi pas à la cisaille à haie, comble du sacrilège !) et de rajeunir le pied en supprimant de temps en temps le vieux bois. Apparemment, le courrier des lecteurs de France Inter s’en est ressenti en quantité suite à cette proposition...

Apôtre des méthodes culturales «douces» facilitant l’œuvre du jardinier, respectueuses de la nature et de l’homme et qui se conforment à la spécificité de chaque plante, Alain Baraton nous permet de retrouver ici les chroniques que nous avons pris plaisir à écouter sur France Inter.


Rémi Luglia
( Mis en ligne le 18/10/2006 )
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