L'actualité du livre Jeudi 18 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Poches  ->  
Littérature
Essais & documents
Histoire
Policier & suspense
Science-fiction

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Poches  ->  Littérature  
 

Ceux du Phillies
Philippe Besson   L'Arrière-saison
10/18 2009 /  6,50 € - 42.58 ffr. / 190 pages
ISBN : 978-2-264-04942-1
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en mars 2003 (Julliard).
Imprimer

Aux origines de ce court roman, le fameux tableau d'Edward Hopper de 1942, Les Rôdeurs de la nuit, figurant quatre personnages autour d'un bar, deux hommes à chapeau mou, une femme en rouge et le serveur, tout de blanc vêtu, semblant deviser avec ses clients. Une peinture dont l'atmosphère a fasciné Philippe Besson au point qu'il décide d'écrire l'histoire de ces personnages, saisis dans cette scène somme toute banale, en train de partager un verre dans un café qui pourrait être n'importe lequel dans une ville américaine.

La femme en rouge devient ainsi Louise Cooper, dramaturge à succès qui vit seule à Chatham, petite ville de Cape Cod, près de Boston. Attablée au bar du «Phillies», elle attend un coup de fil de son amant du moment, Norman, qui est censé rompre avec son épouse, et qui devrait la rejoindre d'un instant à l'autre. Or le personnage qui pousse la porte du «Phillies» et qui, sur le tableau de Hopper, est figuré à ses côtés, n'est autre que Stephen, l'homme avec qui elle vécut quelques années auparavant une grande histoire d'amour, qui l'a quittée pour en épouser une autre, et qu'elle n'a pas revu depuis cinq ans. Philippe Besson imagine donc leurs retrouvailles, sous le regard complice du serveur, Ben, qui a été témoin jadis de leur passion amoureuse.

L'intrigue, qui pourrait vite ennuyer et ne pas résister au côté artificiel de l'exercice de style que s'est imposé l'auteur, prend tout son intérêt grâce à la manière dont il parvient à nous décrire les liens qui unissent les personnages. Ces images figées dans le tableau de Hopper, Besson les anime en leur donnant vie, affects et consistance, page après page, gagnant peu à peu le lecteur à l'empathie avec cette femme et ces deux hommes.

La scène originelle du tableau occupe l'entièreté du roman, qui ne raconte d'abord que ce huis-clos se déroulant en quelques heures et dont l'action ne s'éloigne pas du comptoir. Mais c'est sa structure plus que son intrigue qui lui donne sa réelle densité : les rares dialogues se réduisent à quelques phrases prononcées par Louise, Stephen et Ben, que l'auteur commente en revanche à chaque fois longuement. Adoptant et jouant en effet pleinement le rôle de narrateur omniscient, il nous renseigne sur ce qui se passe dans la tête des protagonistes, sur leurs émotions et sur leur passé, sans pour autant abuser des flash-back, distillés comme autant de souvenirs ancrés dans leur mémoire et constitutifs de leur histoire et de leur identité.

La peinture et le roman semblent ainsi former un tout, comme si l'une était le dessin préparatoire et l'autre la longue didascalie d'un drame à monter (la théâtralité du sujet a d'ailleurs donné lieu à une pièce de théâtre, montée en 2004 à Paris). Ce n'est sans doute pas un hasard si Besson a fait de Louise Cooper un auteur de théâtre, comme si la scène qui se déroulait sous nos yeux pouvait devenir le sujet de sa prochaine pièce.

Au centre de l'intrigue, on retrouve les thèmes de prédilection de Philippe Besson : la gravité du lien amoureux, comment celui-ci peut se défaire, mais aussi comme il peut résister au temps et à la reconstruction d'une vie. Le résultat est d'autant plus convaincant qu'il nous dépeint un beau personnage de femme : Louise Cooper est attachante en quadragénaire usée, à la mélancolie sereine, résignée à vivre seule ou avec des amants de passage, prête à une nouvelle vie avec Norman si celui-ci quittait réellement sa femme, mais forcément bouleversée par le retour de Stephen qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. On pense évidemment à Marguerite Duras – citée d'ailleurs en exergue du roman – et plus particulièrement à Moderato Cantabile, car comme dans le bar du roman durassien, où se situait l'action principale, il semble s'échapper du Phillies, derrière les vapeurs de l'alcool, les volutes des cigarettes et le bruit du ressac de la mer toute proche, une petite musique qui nous accompagne tout le long de notre lecture.


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 18/02/2009 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Un homme accidentel
       de Philippe Besson
  • Son frère
       de Philippe Besson
  • Se résoudre aux adieux
       de Philippe Besson
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd