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Poches -> Littérature |
| Philippe Djian Impardonnables Gallimard - Folio 2010 / 6.60 € - 43.23 ffr. / 226 pages ISBN : 978-2-07-042004-9 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en janvier 2009 (Gallimard) Imprimer
Cest non sans plaisir que lon retrouve Djian en romancier, passée la parenthèse du feuilletonisme (Doggy Bag) aux effets vite émoussés. Impardonnables pousse à parler de retrouvailles d'ailleurs car le package thématique djiannien y est une fois encore utilisé, et bien utilisé. La famille et son paradoxe fondateur, entre haine et amour, attachement et désir den rompre ; une personnage central, double de papier de lécrivain, quinqua/sexa bougon et dépassé ; des milieux plutôt bourgeois nimbés dun glamour écaillé (il est écrivain, sa fille est actrice en vue, sa femme vend des maisons sur la côte basque espagnole) ; du mélodrame métallisé, mélo mâle aux airs parfois tragiques, au sens homérien ou racinien du terme : il arrive dailleurs souvent, ici comme dans dautres opus de lauteur, que le déchaînement des éléments serve la mise en scène, ici quelques bourrasques
Tel est Impardonnables, lerrance de Francis, écrivain au bord de la crise de nerfs. Il a perdu sa première épouse et lune de ses deux filles il y a quelques années dans un accident tragique, a dû élever, tant mal que bien, Alice, devenue actrice, épouse de Roger et mère de deux jumelles, et sest remarié avec Judith, dont il se persuade que ses escapades immobilières de plus en plus fréquentes, et nocturnes, pourraient bien être adultérines, en fait
Quand Alice disparaît sans quon ne sache encore sil sagit denlèvement, de fugue ou de coup médiatique. La perspective dune nouvelle perte déclenche chez Francis un retour des fantômes, des souvenirs amers, et une certaine paranoïa quil étanche en engageant comme détective à la trousse de sa femme le fils de la détective engagée pour retrouver Alice (lesbienne, Anne-Marguerite sera bientôt atteinte dun cancer) : un rien timbré et tout juste sorti de prison, Jérémy nest pas un être facile ; Francis le prend malgré lui sous son aile
Le décor est planté et lhistoire se déroule en mode «Famille, je vous hais». Mais comme toujours chez Djian, cet embarras, cet encombrement causé par la famille sert à mieux en signaler les points dattache, ces liens nécessaires et génériques, dont on ne se défait pas. Latonie des psychologies sert paradoxalement à en montrer les profondeurs. Plus toute une réflexion sur la création littéraire : Djian, à travers son alter ego de fiction, nous livre quelques épanchements sur la difficulté décrire, sur ce quécrire peut avoir dessentiel et de véritablement concurrentiel à une vie de famille. En égotiste écrivain, il rabâche en fait quelques clichés sur le genre ; cette partie-là nest pas la meilleure du livre.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 03/06/2010 ) Imprimer
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