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Lettrisme
François Rollin   Les Belles lettres du professeur Rollin
Seuil - Points - Le Goût des mots 2009 /  6.50 € - 42.58 ffr. / 223 pages
ISBN : 978-2-7578-1002-6
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

L'auteur du compte rendu : Ancien élève de l’École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines de Lyon, agrégé de Lettres Modernes, Fabien Gris est actuellement moniteur à l’Université de Saint Etienne. Il prépare une thèse, sous la direction de Jean-Bernard Vray, sur les modalités de présences du cinéma dans le roman français contemporain.
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On connaît François Rollin pour ses formidables apparitions aux côtés du non moins formidable Edouard Baer, mais aussi pour ses spectacles et ses chroniques savoureuses sur France Culture, sous l’étiquette du Professeur Rollin. C’est dans ce dernier rôle «pédagogique» qu’il revient aujourd’hui avec Les Belles lettres du professeur Rollin, qui sont constituées de 59 modèles de lettres diverses et variées, qui se veulent adaptées à de multiples situations que l’on peut rencontrer dans la vie. Écrire à un SDF, écrire à son chef de service, écrire à une jeune comédienne qu’on a admirée, écrire à sa mère, écrire au Pape, ou bien écrire à une marmotte, sait-on jamais. Au fait, pourquoi 59 lettres ? Parce que.

On l’aura compris : le professeur fait ici dans l’absurde et dans l’humour décalé, entre la British Touch et les textes délicieusement nonsensiques du comique québécois Pierre Légaré, dont Rollin interprète les textes en spectacle. Les Belles lettres ne visent pas à faire se rouler par terre le lecteur, mais plutôt à provoquer son sourire et – mine de rien – sa réflexion. On n’est point dans la gaudriole, mais dans le jeu de langage : bref, plus Devos que Bigard (qui s’en plaindrait ?). D’autre part, et surtout, il faut entendre aussi les «Belles Lettres» du titre dans leur sens littéraire : les textes de François Rollin sont aussi de discrets chants d’amour aux mots peu usités, mots rares ou mots méconnus et oubliés. Chaque lettre est ainsi suivie de notes explicatives qui développent un ou plusieurs termes présents dans ladite lettre. Les traits les plus drôles et les plus intéressants viennent se loger dans ces marges. On pourra regretter que les potentialités de la forme épistolaire ne soient pas suffisamment exploitées, ou qu’en tout cas elles pâtissent de la concurrence de ces petites (ou longues !) notes de bas de page.

François Rollin, c’est donc un étrange croisement entre Pierre Desproges et Alain Rey, Raymond Devos et Dumarsais (l’auteur de l’immortel Des tropes). Ce petit livre est sans doute le seul ouvrage de comique contenant un paragraphe sur l’hyperbate, sur le mot «contus» ou encore le délicieux «badigoinces». Rien de réactionnaire ou de conservateur derrière ces jeux lexicaux : François Rollin entrechoque sa plaisante érudition langagière avec les formes actuelles de la correspondance et du langage : le texto, le langage adolescent (jolie et juste «lettre d’une adolescente à une autre»), mais aussi l’ordinateur comme nouveau médium remplaçant la plume d’oie ou la plume Sergent Major.

Les Belles lettres du professeur Rollin s’imposent comme une drôle et originale façon de faire rire avec les mots, les discours et les styles. Significativement, les «lettres» restent sans réponse : efficacité pragmatique nulle sans doute, mais qu’importe : l’humoriste se situe dans une sorte d’humour «parnassien» : le mot pour le mot, le bon mot pour le bon mot, le loufoque pour le loufoque, même si cela pourra souvent paraître à certains gratuit ou lourd (les listes et énumérations, les empilements de paronomases). Aimer le langage pour lui-même finalement, plutôt que pour ses conséquences concrètes ou empiriques. Une sorte de comique verbal «au carré», où le langage se prend à la fois comme sujet et fin. Un tendre geste d’amour désintéressé en somme.


Fabien Gris
( Mis en ligne le 20/04/2009 )
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