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Poches -> Littérature |
| Haruki Murakami La Fin des temps Seuil - Points 2012 / 10 € - 65.5 ffr. / 628 pages ISBN : 978-2-7578-3102-1 FORMAT : 11,1 cm × 18,0 cm
Première publication française en septembre 2009 (Seuil - Cadre vert)
Traduction de Corinne Atlan Imprimer
Un programmateur informatique dont la spécialité est de brouiller des données confidentielles se voit chargé dune mission qui savère très vite inhabituelle. Employé par un vieux savant dont le bureau se situe dans le sous-sol dun immeuble tokyoïte, il va passer des heures à convertir en données chiffrées des résultats qui doivent être tenus secrets.
Jusque-là, rien que de très habituel, si ce nest le parcours du combattant quil a dû effectuer pour parvenir jusquau dit bureau : descente dans une cave obscure, passage sous une cascade souterraine dont le son a été momentanément et étrangement coupé. De retour chez lui, le programmateur de haute volée doit procéder à un brouillage supplémentaire appelé «shuffling», quil peut effectuer parce quil a subi une opération neurologique pour le lui permettre. Les ennuis arrivent alors en cascade ; deux personnages pénètrent chez lui et saccagent son intérieur, le blessent, lui annonçant quil nest en sécurité nulle part. Son unique salut semble résider dans le vieux savant, fou quoique bonhomme, quil cherche à retrouver mais qui sest replié, menacé par le danger, dans les entrailles de la ville. Le chemin est semé dembûches et de dangers mortels dans ce «Pays des merveilles sans merci».
Cet ouvrage dHaruki Murakami (publié au Japon en 1985 et pour la première fois en France en 1992), aurait pu sembler jusque-là un roman classique, mélangeant assez habilement les genres du thriller et de lanticipation avec, comme héros, un type banal dépassé par les événements mais faisant preuve dun courage remarquable quoique teinté de lassitude. Cependant, parallèlement à ce récit, lauteur alterne avec des chapitres qui nous font pénétrer dans une ville étrange. Lhomme qui rentre là doit abandonner son ombre après avoir franchi le mur denceinte. Il doit ensuite apprendre à vivre dans une cité dont on ne sort plus et dont les habitants semblent mener une vie paisible mais inquiétante car les tourments du cur, de lenvie et du désir ne semblent plus y avoir de place. Il lit des bribes de rêves enfermés dans les crânes des licornes qui vont mourir au-delà des murs lors des hivers rigoureux qui sévissent là-bas. Ces chapitres, tous intitulés «Fin du monde», laissent un goût étrange, le sentiment que cette population sans chansons ni poèmes a préféré tuer ses rêves pour pouvoir vivre éternellement.
Si lon comprend assez vite que le programmateur et celui qui arrive dans la ville close sont les deux visages dune seule et même personne, on cherche à percevoir avec le héros comment peuvent coexister en une même personne ces deux mondes antinomiques.
Dans cet ouvrage déroutant, comme les méandres de linconscient dans lesquels Murakami cherche à pénétrer, il nest point vraiment de salut. Finalement, lhomme cherche à comprendre les vies dont il est fait, celles quil peut créer ou rêver, et finit par choisir : le goût des larmes, quelles quelles soient, plutôt que de renoncer et perdre son cur...
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 07/01/2013 ) Imprimer
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