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Petite musique triste
Rachel Cusk   Les Variations Bradshaw
L'Olivier 2011 /  7 € - 45.85 ffr. / 281 pages
ISBN : 978-2-7578-2167-1
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en février 2010 (L'Olivier)

Traduction de Céline Leroy

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Les Variations Bradshaw est le huitième roman de l'écrivain anglais Rachel Cusk, élue en 2003 parmi les vingt meilleurs romanciers britanniques par le magazine Granta. On ne l'a découverte en France qu'en 2007, lors de la parution d'Arlington Park, qui racontait, à la manière du Mrs Dalloway de Virginia Woolf, une journée ordinaire dans la vie de femmes au foyer d'un quartier d'une banlieue résidentielle anglaise. Rachel Cusk y montrait avec un féminisme assumé ce que la vie de couple et la maternité pour les femmes, à notre époque pourtant dite moderne, pouvaient impliquer comme renoncements et insatisfaction.

Dans Les Variations Bradshaw, Rachel Cusk imagine une inversion des rôles, en racontant une année dans la vie de la famille Bradshaw, autour du couple formé par Thomas et Tonie. Cette dernière vient d'accepter un poste de responsabilité dans l'université où elle enseignait avant de se consacrer à sa vie de famille, et Thomas, las d'exercer un métier dans lequel il ne s'épanouissait plus, décide de saisir la balle au bond pour démissionner et devenir père au foyer. Rien de plus simple au premier abord : Thomas semble heureux de s'occuper de leur fille Alexa et d'avoir enfin du temps pour se consacrer à l'apprentissage du piano. Tonie quant à elle, en retrouvant un statut social, fait l'expérience de sa liberté retrouvée et redécouvre une sensualité que la vie de mère au foyer avait éteinte.

Pourtant ce qui peut sembler une évidence sur le papier, dans un monde où les femmes peuvent prétendre avoir une place autre que celle dévolue auparavant à nos grand-mères recluses dans leurs foyers, se révèle plus compliqué que prévu. Car il faut affronter le regard des autres, et en premier lieu celui de la famille : autour de Tonie et Thomas, les frères, belles-sœurs et parents exhibent des couples plus classiques, en proie à leurs propres rancœurs et contradictions. En entomologiste de la vie de couple, Rachel Cusk observe ce lot d'insatisfactions perlant dans l'étroitesse d'un quotidien cousu de petites misères et de joies médiocres. A l'opposé, Thomas et Tonie semblent les seuls qui aient enfin décidé d'assumer leurs désirs et de refuser une vie dans laquelle on passe son temps à se mentir à soi-même, en se persuadant que la vie qu'on mène est celle qui nous correspond, parce qu'il est trop difficile de faire fi de ce que la société nous impose. Ainsi, Claudia, la belle-sœur de Thomas, qui a abandonné ses études d'art au moment de la naissance de son premier enfant, ne manque pas une occasion de rappeler le sacrifice qu'elle a accepté. Dans son cas, Rachel Cusk montre comment elle s'en sert de prétexte pour ne pas se jeter à l'eau et se lancer dans ce qui est censé être sa passion, la peinture.

Mais Rachel Cusk n'est pas dupe, et loin d'elle la certitude angélique qu'il suffise de le décider pour parvenir à s'affranchir des règles qui régissent, encore, le monde dans lequel nous vivons. Thomas et Tonie vont l'apprendre à leurs dépens, et c'est la description toute en douceur d'un échec patent que l'auteur nous propose, sans jamais porter de jugement.

Les réactionnaires y verront la démonstration de l'impossibilité d'inverser l'ordre naturel des choses, et qu'il n'y a pas lieu de vouloir bouleverser des siècles d'histoire du couple au cours desquels les rôles ont été bien fixés. Les autres apprécieront la petite musique triste que nous font entendre ces variations, qui nous chantent que la société n'est pas encore prête à accepter une vision différente des rapports homme-femme, fût-ce au prix d'une incapacité à trouver le bonheur.


Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 16/02/2011 )
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