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Trois hommes et une poêle
John Irving   Dernière nuit à Twisted River
Seuil - Points 2012 /  8,70 € - 56.99 ffr. / 679 pages
ISBN : 978-2-7578-2659-1
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication française en janvier 2011 (Seuil)

Traduction de Josée Kamoun

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L'image de la rivière, fleuve nourrissant le drame d'une vie entière, donne une tonalité tout sauf héraclitienne à ce roman, roman fleuve lui-même : car tout revient à ces eaux, tout en part et y retourne.

1954 : deux morts se succèdent dans la communauté de bûcherons du comté de Coos (New Hampshire), à Twisted River, sur les berges de l'Androscoggin ; celle apparemment accidentelle du jeune Angel Pope, tombé des troncs flottant sur l'eau, pour s'y perdre. Le métier a ses risques. Angel : un Canadien en fait fils d'immigrés italiens de Boston...

L'autre mort, celle accidentelle, mais moins accidentelle, de Jane l'Indienne, matrone chevauchant une nuit son amant, le cuisinier Dominic Baciagalupo, masse humaine et mamelue que le jeune Danny, fils du cuistot, hanté par des contes d'enfants, prit pour un ours et tua d'un coup de poêle en fonte. Drame : Dominic et son compère Ketchum, l'ami de toujours, bourru autant que cœur d'or, décident de maquiller le meurtre... en déplaçant la dame jusqu'à la cabane du Cow-Boy, l'homme officiel de Jane, un homme qu'ils n'aiment pas, et dont l'alcoolisme en l'occurrence est fort pratique : dans un délire éthylique coutumier, ce dernier aura tué l'indienne...

Commence alors une odyssée sur plus d'un demi-siècle. Dominic et Danny fuient à Boston, changent de nom, prenant celui de la mère d'Angel - del Popolo -, à qui ils sont venus annoncer le décès, et se font oublier dans la communauté italienne locale. Danny, hanté par ses contes d'enfants, deviendra conteur lui-même, un écrivain reconnu, d'un coin à l'autre de l'Amérique - dont, au passage, nous est dressé un panorama saisissant : dans l'Iowa puis le Vermont jusqu'à Toronto où l'écrivain, homme à présent mûr, auteur renommé, a installé sa thébaïde. Toujours aux côtés de son père, Ketchum pas très loin, un fils aussi, Joe, né d'un amour fugace avec une anarchiste, prête à enfanter pour éviter à ses hommes de partir au Vietnam. Quant au Cow-Boy, il fomente sa vengeance...

L'histoire américaine est cousue à celle des Baciagalupo et Danny brode l'ensemble, inlassablement, au vélin de ses romans. Tout auteur ment, vole et re-transforme. C'est l'enfantement littéraire que Dernière nuit à Twisted River évoque, se terminant par une mise en abîme attendue mais réjouissante. John Irving est coutumier du fait, l'autobiographie pollue la fiction et inversement, le roman se construit dans une sédimentation visible, l'ensemble est ambitieux, dense, vertigineux parfois, comme souvent aussi chez le romancier : longueur de l'écriture (plus de 20 ans ici), recherche des mots justes, souci du détail pouvant dérouter le lecteur. Dernière nuit à Twisted River est un roman américain de la plus belle tradition, mâle épopée, roman historique et social, fresque écologique discrète (la nature joue sa partition jack-londonienne ici, de toute évidence) et thriller haletant. On imagine sans peine le film qui en découlera.

Un roman exigeant car d'un autre temps, d'une autre époque, de ces romans qu'il faut prendre le temps et l'espace de lire. Un tel pavé ne se sirote pas à coups de dix pages, le soir dans l'endormissement, le jour entre deux arrêts de bus, de métro, deux emplettes. Il faut y aller par tranches généreuses, se laisser prendre par l'histoire et son rythme, entrer de plain-pied dans la vie de ces quelques hommes, tragique, sublime ; en un mot : romanesque.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 30/05/2012 )
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