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Poches -> Littérature |
| Chahdortt Djavann La Dernière séance Le Livre de Poche 2015 / 7.90 € - 51.75 ffr. / 448 pages ISBN : 978-2-253-06841-9 FORMAT : 10,8 cm × 17,7 cm
Première publication en août 2013 (Fayard) Imprimer
Dans Je ne suis pas celle que je suis, Chardortt Djavann révélait, à travers le personnage de Donya, le quotidien des femmes sous le régime des Mollahs. Alternant toujours les séances de psychanalyse au récit de sa vie, les lecteurs découvrent avec ce très attendu tome II, La Dernière séance, ce que représente le parcours dune migrante, jusquau bout de lexil.
La souffrance est inscrite dans le corps, pas seulement depuis les viols collectifs dans les prisons iraniennes, mais inoculée dès sa naissance par la mère : en se soumettant à la morale religieuse et en transmettant la haine de lidentité féminine à leurs filles, les femmes diabolisent la femme et pérennisent lanathème : «A défaut dêtre mâle, jétais mal».
A sa problématique identitaire, sajoute linjonction déchapper à la mise à mort psychique infligée par les gardiens de lordre moral. Elle abandonne le persan - dont la structure archaïque et rétrécie des codes linguistiques la condamne à taire linnommable - et adopte une langue refuge afin dimposer une distance vitale entre elle et le passé, une langue des esprits libres pour donner lespace nécessaire à la pensée : elle choisit le français pour se libérer.
Dans un entre-deux intime et vertigineux, les séances de psychanalyse en français senchaînent au prix de souffrances infernales faites du souvenir des peurs et angoisses écrasantes, humiliations et blessures narcissiques, détresse et solitude ; plusieurs identités sopposent férocement en elle. En écho aux séances, le récit lève le voile sur sa vie, de lenfance aux mésaventures de lexil, multiples et parfois sordides. Aliénante relation à linsoutenable vérité, au cruel et haïssable destin
Parfois, il y a de lhumain dans linhumain : une logeuse à Istanbul, un emploi, un homme qui revient la chercher
la vie séclaire et lespoir renait. Parfois, il y a de linhumain dans lhumain : on assassine ici comme là-bas ; Fereydoun Farokhzad, Chapour Bakhtiar et sa femme ne sont que des exemples ; les anciens notables du régime sont les nouveaux profs dUniversité, ou autres, que lOccident accueille à bras ouverts. Même à Paris, la liberté est toute relative
Un témoignage puissant et incontournable, à la hauteur du talent, exigeant et inflexible, de Chahdortt Djavann.
Marie-Claude Bernard ( Mis en ligne le 16/12/2015 ) Imprimer
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