|
Poches -> Littérature |
| Jennifer Johnston Petite musique des adieux 10/18 - Domaine étranger 2004 / 7.30 € - 47.82 ffr. / 256 pages ISBN : 2-264-04019-X FORMAT : 11x18 cm cm Imprimer
Grande dame des lettres irlandaises contemporaines, Jennifer Johnston aborde avec finesse dans cette Petite musique des adieux le thème de la perte de lautre et de linfinie souffrance qui en résulte.
Après quelque temps à New York et une histoire damour qui finit mal, Clara, la trentaine, revient dans son Irlande natale. Elle se sent mutilée, au propre comme au figuré, confiant à ce propos : «Durant ces derniers mois, je me suis retrouvée engloutie dans une horrible mélasse de commisération envers moi-même. Un truc que je déteste. Je nai jamais voulu être ce genre de personne.» Elle choisit alors lécriture comme exutoire, le roman quelle décide décrire lui permettant de maîtriser une réalité qui lui a échappé.
Lar, par contre, senlise dans la douleur et la haine des autres, refusant daccepter la mort de sa femme et de son enfant, victimes du terrorisme. «Désolé, désolé. Le monde entier me disait quil était désolé. Même les salauds qui les ont tuées étaient désolés. Ils ont dit que je devais comprendre quils déploraient la mort de toutes les victimes civiles innocentes, mais quils nétaient pas responsables.» Quittant Belfast pour lanonymat de Dublin, il rencontre Clara au hasard dune promenade. Peu de temps après, celle-ci lui assène : «Je ne veux pas entendre parler du Nord, cest tout. Pas de Nord dans cette maison. Vous pouvez me parler de votre enfant, de votre mère, de vos rêves perdus mais pas du Nord. Pas de ces conneries de "vidés de nos tripes par lHistoire". Ne polluez pas ma maison avec ça.»
Le conflit et lopposition font donc partie de la thématique mais également de la structure même du roman qui confronte deux points de vue antagonistes avant quun dialogue ne devienne possible. La valse des pronoms personnels donne dailleurs un relief particulier aux constants changements de perspective. Jennifer Johnston utilise aussi un subtil système de mises en parallèle. Les rapports mères-enfants, les souvenirs amoureux se font écho et se complètent. La gravité du ton nexclut pas lhumour (noir, de préférence !) et lespoir qui renaît illumine les toutes dernières pages de ce roman, décidément magnifique.
Florence Cottin ( Mis en ligne le 15/09/2004 ) Imprimer | | |
|
|
|
|