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L’éventail des faux-semblants
Oscar Wilde   L’éventail de Lady Windermere
Gallimard - Folio théatre 2000 /  7.63 € - 49.98 ffr. / 242 pages
ISBN : 2-07-039488-3
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<i>L’éventail de Lady Windermere est la première des quatre comédies d’Oscar Wilde, qui toutes ont pour cadre la haute société anglaise de l’ère victorienne finissante. Lady Windermere, femme du monde réputée pour sa rigueur morale, s’apprête à recevoir à l’occasion de ses vingt et un ans ce que la haute société anglaise du dix-neuvième siècle compte de plus huppé. Elle apprend que son mari entretient une femme au passé douteux. Mise en face de réalités qu’elle abhorre, elle manque commettre un acte irréversible quand la femme qu’elle méprise sauve sa réputation.

La pièce glisse insensiblement de la comédie au drame de société avant de renouer brillamment avec la comédie de moeurs de la Restauration anglaise et l’ironie qui la caractérise. C’est en effet l’ambiguïté qui fonde l’intrigue, et c’est un mensonge qui rétablira l’ordre social, illustrant la conviction de l’auteur : l’idéalisme victorien et la morale en général ne sont qu’apparence et dissimulation. Le paradoxe conduit ainsi toute la pièce, troublant la logique des événements et du discours. En esthète virtuose, Oscar Wilde met en scène les mots plutôt que l’action, guidant ainsi l’expression théâtrale sur la voie de la modernité. Fidèle à l’unité de temps et aux règles du théâtre classique, il mêle cependant en artiste l’élégance à la comédie. Objet de théâtre, l’éventail devient ainsi le messager poétique des sentiments et le symbole de l’esthétique wildienne.

Symboliquement initiée à sa majorité aux réalités de la vie, Lady Windermere apprendra à ses dépens que tout est relatif. "C’est mal ? Qu’est-ce qui est mal" ? interroge Lord Darlington, porte-parole de l’auteur dans la pièce. Derrière la provocation et l’apparente superficialité, Wilde défend avant la lettre la liberté du langage et du comportement. Ses contemporains ne le lui pardonneront pas. Comment dans ces conditions n’eut-il pas préféré les mots à l’action, la fiction à la réalité, la légèreté à la gravité ? Sans doute lui ont-ils semblé plus cléments qu’une confrontation avec "cet élément universel épouvantable qu’on désigne sous le nom de nature humaine" ?

Pas de pessimisme pourtant chez Wilde. Du cynisme certes, mais allégé d’humour et n’excluant pas les sentiments. "Je croyais que je n’avais pas de coeur. Je me suis rendue compte que j’en ai un" découvre Mrs Erlynne la femme légère. "Les actions sont la première tragédie de la vie, les mots sont la seconde. Les mots sont sans pitié". Rien de plus vrai, et pourtant… Les mots ne sont-ils pas aussi l’expression du Vrai, de la Beauté et de l’Amour ? Plus encore, les mots ne sont-ils pas la manifestation la plus singulière de l’humanité et parmi ce qu’elle a de plus grand ? Que ce dernier paradoxe soit un hommage à un homme contesté au talent incontestable.


Bénédicte Roullier
( Mis en ligne le 07/06/2001 )
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