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Poches -> Littérature |
| Dan Brown Da Vinci Code Pocket 2005 / 7 € - 45.85 ffr. / 744 pages ISBN : 2-266-14434-0 FORMAT : 11x18 cm
Première publication : Mars 2004 (J.-C. Lattès).
Traduit de l'américain par Daniel Roche. Imprimer
Best seller international, Da Vinci Code sort ce mois en France au format poche après une première et juteuse publication chez Lattès. Cest américain, cest énorme, ça nourrit bien mais point trop nen faut !
Robert Langdon, célèbre et sémillant professeur de symbolique, pedigree Harvard, cheveux grisonnants avec un sex appeal à la Harrison Ford (cest en fait Tom Hanks qui lincarnera à lécran), se retrouve au centre dune histoire mettant en jeu ni plus ni moins que les fondements du christianisme ! En visite à Paris, il est convoqué de nuit sur une étrange scène de crime : le conservateur en chef du Louvre, lénigmatique le qualificatif simpose Jacques Saunière, est retrouvé mort au musée dans une position figurant lHomme de Vitruve, célèbre opus de Léonard de Vinci. Ly rejoint la jeune Sophie Neveu, petite-fille de la victime et spécialiste de cryptographie à la Police Judiciaire. Assassiné par le fantomatique Silas, numéraire de lOpus Dei, atteint dalbinisme, Jacques Saunière était le maître du Prieuré de Sion, organisation secrète dont firent partie de Vinci, Boticelli, Newton, Hugo ou encore Cocteau. Ses membres ont pour mission ancestrale la protection dun secret capital...
Commence alors une affolante course poursuite, digne des Aventuriers de larche perdue ou de La Dernière croisade, impliquant le Vatican, deux mille ans dhistoire, lOpus Dei, les uvres de Da Vinci, lastronomie newtonienne, Scotland Yard, le Louvre, la cabale juive, la franc-maçonnerie, Scorsese et Mickey Mouse, le tout sous couvert dun féminisme que lon dira
rédempteur !
Dan Brown signe ici un blockbuster littéraire, un monument de la littérature dentertainment, dont Hollywood sest dailleurs emparé avec gourmandise. Ce confrère des Crichton, Grisham et autres écrivains du septième art met ici à profit sa formation dhistorien pour livrer un trépidant thriller à la gloire de la World Culture, sorte de macédoine puisant aux sources de la culture occidentale. Fort de ce dénominateur commun, dont chacun jugera du degré de médiocrité, lécrivain déroule une intrigue haletante, sans doute facile mais qui fonctionne de bout en bout. On lit louvrage comme on engloutirait un Big Mac : avec gourmandise mais sans être dupe de la gastronomie ainsi ingérée. Cest bon et lon ne boude pas son plaisir mais ce nest pas de la littérature. On sy aventure allègrement comme on passerait une journée à Disneyland : pour goûter au carton pâte
Mettant en scène Robert et Sophie, lauteur écrit dailleurs : «En lui montrant sa montre Mickey Mouse, il lui raconta que Walt Disney avait constamment cherché à transmettre la symbolique du Graal aux générations futures. On lavait dailleurs appelé «Le Leonardo da Vinci des temps modernes»». De là à faire de Dan Brown le Dante du moment !...
Les snobs et puristes des lettres naimeront pas, d'autant moins que le battage médiatique autour de ce qui n'est qu'un roman en agace plus d'un. On peut reprocher à lauteur ce recours facile à des bribes de culture quil coud ensemble en un patchwork étrange, faillant ainsi à la mission pédagogique du professeur quil était. En détournant des éléments de la religion et de lhistoire de lart au service dune uvre de fiction, mobilisant et jouant avec sa propre érudition, Dan Brown commet peut-être un crime, dont il semble sexcuser lui-même en écrivant, à propos du professeur dHarvard :«Langdon avait donné assez de conférences sur les Templiers pour savoir que tout le monde en avait au moins entendu parler. Le sujet restait cependant teinté de mystère, les faits avérés sy mêlant au folklore et au fabuleux, et la désinformation avait joué un tel rôle quil était pratiquement impossible de dégager une vérité historique irréfutable». On peut aussi voir dans ce déchaînement littéraire lexpression du «syndrome Indiana Jones», dira-t-on
Quand luniversitaire rêve dans sa bibliothèque dêtre aussi un intrépide aventurier, mettant son savoir patiemment appris au service dune Iliade
Pour qui cherche aussi dans la littérature un moyen dévasion, quitte à sacrifier lart et le style pour une histoire enlevée, Da Vinci Code donne alors la promesse dun très bon moment, presque trop court, malgré ses 700 pages. Cest pompier mais ça marche avec une efficacité redoutable. Que Ron Howard, coutumier des grosses productions californiennes, se charge de ladaptation cinématographique apparaît alors comme une suite logique et légitime
Rendez-vous en mai 2006!...
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 05/05/2005 ) Imprimer
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