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C’est pas ma faute, et quand je donne ma langue au chat…
Lolita Pille   Hell
Le Livre de Poche 2006 /  4.50 € - 29.48 ffr. / 156 pages
ISBN : 2-253-06693-1
FORMAT : 10 x 18 cm

Edition sortie le 1er mars 2006 avec jaquette à l'occasion du film "Hell" de Bruno Chiche, avec Sara Forestier et Nicolas Duvauchelle.

Edition originale : Grasset (2002)

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Autant être honnête, on aborde le premier roman de Lolita Pille avec une furieuse envie de ne pas l’aimer. Premièrement, parce que le personnage médiatique que s’est composé le jeune écrivain, pur produit de la génération post-moderne cynique et branchouille formatée pour talk-shows tardifs, agace d’emblée. Deuxièmement, parce que l’intrigue du livre ficherait en rogne n’importe qui travaille, se bat et fait ce qu’il peut pour être heureux (soit le lot de beaucoup) : le mal de vivre d’une jeune pétasse de 18 ans, Hell, gamine super friquée de l’Ouest parisien, qui navigue de soirées jet-set en afters glauques, de partouzes survoltées en baises ratées, absorbe du champagne et de la vodka comme d’autres leur vin de table, se fiche dans le nez quantités de coke, dans la bouche quantités d’ecstas et de plats quatre étoiles, ne se déplace qu’en taxi, Ferrari ou Mercedes, partage avec ses amis, griffés comme elle de la tête aux pieds – Dior, Gucci, Ralph Lauren – des soucis aussi graves que choisir entre Ibiza et Saint-Tropez pour ses vacances, ou le Queen et l’Avenue pour la soirée.

Dans son monde terrifiant, Hell s’ennuie à mourir et méprise tous ceux qui ne sont pas comme elle : les pas riches, les pas lookés, les travailleurs. Tout ce qui est de l’ordre de la banalité – l’amour, le calme, la routine – la dégoûte : «L’amour, c’est ce qu’on a trouvé pour aliéner la déprime post-coïtum, pour justifier la fornication, pour consolider l’orgasme. C’est la quintessence du Beau, du Bien, du Vrai, qui refaçonne votre sale gueule, qui sublime votre existence mesquine. Eh bien, moi, je refuse.» Jusqu’au jour où Hell rencontre Andréa, son alter ego sauvage et destroy, dont elle tombe profondément amoureuse. Oui, dit comme ça, le phénomène «Pille» semble peu engageant. Encore une pauvre petite fille riche qui raconte sa vie sans intérêt…

Pourtant, au fil des pages, le coup de foudre se produit. Il y a avant tout ce style efficace et racé, qui séduit dès les premières lignes : «Je suis une pétasse. De celles que vous ne pouvez pas supporter ; de la pire espèce, une pétasse du XVIe, mieux habillée que la maîtresse de votre patron. Si vous êtes serveur dans un endroit branché ou vendeur dans une boutique de luxe, vous me souhaitez sans doute la mort, à moi, et à mes pareilles. Mais on ne tue pas la poule aux œufs d’or. Aussi mon engeance insolente perdure et prolifère-t-elle.» Avec une rage jamais assouvie, Lolita Pille vomit sa haine du monde et d’elle-même, en entraînant le lecteur dans son gouffre intérieur. Et c’est l’indéniable sincérité qu’on perçoit entre les lignes qui sauve tout, c’est elle qui fait l’utilité de ce roman.

Digne héritière de Bret Easton Ellis, la jeune fille foudroie ce monde doré qui a fait d’elle un monstre : «A deux cents à l’heure dans les rues de Paris, où il fait bon ne pas traîner quand nous sommes au volant, nous mêlons l’alcool à la beu, la beu à la coke, la coke aux ecstas, les mecs baisent des putes sans capotes et jouissent dans les copines de leurs petites sœurs. Nous sommes en plein délire, emportés dans une course effrénée de gaspillage gargantuesque, de luxe luxurieux.» Et au milieu de ce magma d’apparences et d’ennui pervers, de marques et de boîtes à la mode, l’héroïne perdue cite Baudelaire ou Léo Ferré, comme des promesses d’un ailleurs possible…


Caroline Bee
( Mis en ligne le 01/03/2006 )
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