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Entre un soap et l’Olympe
Philippe Djian   Impuretés
Gallimard - Folio 2006 /  7 € - 45.85 ffr. / 440 pages
ISBN : 2-07-032303-X
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en février 2005 (Gallimard - Blanche).
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On pourrait croire à la lecture de ce roman «djiannien», comme au travers de l'oeuvre, imperturbable, de l'auteur, que nous vivons une période d'incroyable décadence, d'un naufrage titanique des valeurs, de la morale, du lien social, rompu jusque dans la famille même, où il devrait être imputrescible... Mais, une fois le livre refermé, c'est la leçon inverse qui pointe, le sentiment d'une universelle constance humaine, d'un point de vue éminemment pessimiste cependant, mais avec rédemption éventuelle...

Car rien ne semble pouvoir rattraper l'Humain, décidément, parfaitement laid, sublimement faible et faillible. Les classiques grecs et romains nous l'enseignaient déjà, qui nous montraient des dieux, à nous terriblement semblables : cruels, fragiles, adultérins et concupiscents, traîtres et menteurs, toujours en quête de cet amour improbable qu'eux aussi cherchaient du doigt comme sur la toile du grand maître... Constante laideur humaine, malgré l'altitude de son écrin olympien, qui, par contraste, l'avive, la met en relief et lumière. «... et il se faisait branler sur la route qui zigzaguait dans les bois, au milieu des mimosas qui sentaient si bon et étincelaient, jaillissaient par-dessus les fossés comme des poignées d'or lancées de soupiraux», lit-on ici, par exemple...

Le schéma est en effet le même dans Impuretés : sur une colline à la beauté et à la quiétude édéniques, une communauté de happy few, stars du grand écran, écrivains renommés, ténors de la finance, et leurs progénitures, se déchirent, se méprennent et ne se voient pas : «faire l'expérience d'un fiasco ou d'un gâchis quelconque, d'un certain dégoût de soi-même ou d'une extrême lassitude morale - divorce, adultère, luxure, trahison, violence, mascarade, etc., constituaient le lot quotidien -, si bien qu'il existait une sorte de complicité entre les êtres, de fraternité dans la souffrance...» Au centre, une famille canonique malgré ses fissures : Laure, actrice sur le déclin, alcoolique et prête à tout pour redémarrer sa carrière ; Richard, écrivain blasé et junky, hors du monde ; Evy, le fils taciturne, secret, mystérieux ; et la fille, disparue, noyée dans le lac voisin, fantôme dans le récit, dont on ignore exactement les circonstance du décès.

Le fait est que ce lien se retrouve dans cette tragique incommunicabilité des personnages, dans leurs souffrances et leur mutisme, leur fragilité surtout. La drogue, l'alcool, l'oubli dans des sexualités à la marge, nous rendent ces êtres incroyablement attachants, par un processus étrange mais logique d'empathie, renforcé par une posture et un style qui nous sortent de l'Hexagone. En lisant Djian, on pense immanquablement au Alan Ball de American Beauty ou Six Feet Under...

Redisons la solidité du propos car Djian fait souvent figure d'homme de son temps, au cynisme post-moderne et léger, à la posture solitaire, au-delà du romantisme. Telle est d'ailleurs peut-être son intention ; alors, esquivons-la à la lecture, pour y voir une touchante et sombrement humaniste attention aux êtres, superbes écorchés : «Richard renversa la nuque sur le dossier. Au-dessus de sa tête se balançait un engin confectionné par une tribu d'Amérique du Nord, destiné à écarter les mauvais rêves, mais Richard n'en était pas vraiment satisfait. Il trouvait que ce truc ne tenait pas ses promesses [...] dans le monde des Blancs, dans le monde des téléphones, des buildings et du Prozac.»


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 28/06/2006 )
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