|
Poches -> Littérature |
| Arnaud Cathrine Sweet Home Gallimard - Folio 2007 / 6.60 € - 43.23 ffr. / 256 pages ISBN : 978-2-07-034447-5 FORMAT : 11x18 cm
Première publication en septembre 2005 (Phase Deux). Imprimer
Le cinquième opus dArnaud Cathrine offre une vision lucide et acérée des secrets de famille, et une superbe réflexion sur ces blessures qui nourrissent lécriture.
Cest une plage. En bord de Manche. Là où le sable côtoie les falaises grises et argileuses. Arène naturelle qui accueille le grand cirque des familles en vacances, et abrite, la nuit, les rêves et les désillusions des adolescents. Cest une maison. Posée en bord de la falaise friable. Théâtre bancal et délavé, où se croisent et signorent cinq personnages, «figures lourdes et lasses». Cest une famille. Engluée dans ses silences, ses renoncements, ses lâchetés. Chaque membre, pauvre électron solitaire, dérive, conscient de linéluctable qui marquera définitivement la fin de lété et de lenfance.
Cest un roman acre et lumineux. Trois regards denfants, révélés sur vingt ans. Lily, Vincent et Martin disent leur vérité, au plus proche de lintime. En une écriture épurée et sensible, Arnaud Cathrine explore admirablement le thème (pourtant surexploité en littérature) des secrets de famille et des fêlures qui en découlent. Des phrases courtes et percutantes, jamais alourdies par quelque figure de style superflue. Un langage simple dont la force dévocation révèle toute la maîtrise de son auteur. Le ton de louvrage, tour à tour glaçant, trouble ou émouvant, reste toujours juste. Parce que sans concession, certes, mais empreint de questionnements et de tendresse.
Conditionnement du passé parental, douleur de la perte, travail de deuil : chacun de nous a, un jour, affronté un de ses états pour grandir et sémanciper. Et accepter de revenir à la table familiale pour tenir sa place, avec, cette fois, les yeux grands ouverts. La fiction dArnaud Cathrine touche donc par son universalité et son humanité. Ce sont, enfin, des pages incroyables sur le travail décriture. «Les vrais visages, les vraies blessures, les vraies accusations» dont se nourrit lécrivain quand il cesse de nêtre quun habile jongleur de mots savants.
Stéphanie Scaringella ( Mis en ligne le 01/06/2007 ) Imprimer | | |
|
|
|
|