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Ngazan des champs, Ngazan des villes…
Elizabeth Tchoungui   Je vous souhaite la pluie
Pocket - Nouvelles voix 2006 /  6.30 € - 41.27 ffr. / 207 pages
ISBN : 978-2-266-16481-8
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en janvier 2006 (Plon).
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Ngazan est une belle plante camerounaise, un peu pommée dans l’immensité fauve de Yaoundé, mais déjà réfractaire à tout retour au village familial. «Ngazan est désespérément pauvre, et pourtant, elle n’a pas choisi la filière la plus prometteuse pour une jolie jeune fille : bordellologie». Elle vit ainsi de bric et de broc, attise les regards mâles sur sa parfaite plastique, et le sien dans les mots d’écrivains, les romans, qu’elle dévore. C’est un électron sauvage retenu par le lest des lettres. «Alors sa vie c’était le verbe, ces moments de lecture volés à la rudesse du quotidien. Les caractères que la flamme de la lampe tempête faisait danser devant ses yeux lorsque, enfant, elle dévorait la bibliothèque rose, puis verte, avant de s’endormir, le nez entre deux pages.»

Si elle-même dit résister à la «la colonisation des esprits», commune chez ses concitoyens, cet attrait pour le blanc, que n’a pas altéré l’Indépendance, peut-être même au contraire avivé, elle tombe malgré tout sous le charme d’un fonctionnaire français, Alexandre, qu’elle épouse et finit par suivre vers l’Eldorado parisien. Mais pour une gazelle africaine, Paris vaut-elle une messe ? Retrouvant Princesse, amie d’enfance lui ayant donné le goût des lettres, saura-t-elle ici trouver celui du clinquant parisien, auquel Princesse s’est parfaitement acclimatée ? Commence en fait un cuisant «dégradé dans l’amertume»…

Je vous souhaite la pluie déroule cette trajectoire, simple et sans surprise, mais prenante, saisi que l’on est par une plume dont on devine en effet les nuits blanches de lecture, qui ont permis de l’enjoliver : percutante, musicale, souvent rimée et rythmée, drôle et pleine d’esprit, imagée… Autant d’épithètes prometteurs d’un bon moment littéraire, qui fera même oublier la simplicité du récit – comme un Rat des villes et le Rat des champs à la sauce post-coloniale -, avec une fin percutante, mais trop peut-être, coup de gueule d’une tête brûlée camerounaise à la société franco-parisienne, un "A nous deux Paris !" que l’on a peut-être trop lu et relu…

Mais Elizabeth Tchoungui, savoureuse icône télévisuelle, cicérone de l’actualité culturelle jeune, citadine et branchée sur France 5 («Ubik»), prouve ici une vocation d’écrivain, mettant en lettres son biculturalisme camérouno-germanopratin. «Ses jeunes gens en manteau noir savamment décoiffés qui contemplent le vide, attablés aux terrasses, les yeux brûlant d’une éperdue souffrance métaphysique, leur mèche rebelle menaçant à chaque instant de choir dans leur tasse de café à quatre euros» Etrange biotope en effet...

Bref, un bon roman, qui aurait pu s’étendre sur plusieurs volumes, prendre son temps en format «série», comme c’est désormais la mode, et qui, en tous cas, en fait espérer d’autres. Et, parce qu’au Cameroun des sécheresses, cela veut dire tout le bonheur du monde, souhaitons donc la pluie à Elizabeth Tchoungui !...


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 27/09/2007 )
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