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Poches -> Littérature |
| Alix de Saint-André Il n'y a pas de grandes personnes Gallimard - Folio 2008 / 7.40 € - 48.47 ffr. / 480 pages ISBN : 978-2-07-035952-3 FORMAT : 11x18 cm
Première publication en mai 2007 (Gallimard - Blanche). Imprimer
Ici, ce nest pas un auteur, mais toute une bibliothèque qui déboule
Car après avoir déambulé dans le Panthéon à la recherche dun grand homme planqué en Amérique, Alix de Saint André, ex-journaliste à Elle et au Fig Mag', ex-chroniqueuse sur Canal et toujours ci-devant journaliste, se livre enfin aux délices de la confession et dévoile le grand amour de sa vie, son obsession, son idéal, comme un coming out littéraire. Rien de graveleux, mais du torride quand même : In bed with André Malraux
Car dans la vie dAlix de Saint André, il y a déjà Malraux : rencontré dans une école de bonnes surs à loccasion dune dictée tirée de La Condition humaine, elle ne le quitte plus depuis, lui fait quelques infidélités avec Proust (avant de les réconcilier dans un mémoire de maîtrise), rencontre sa fille Florence, le panthéonise
Elle laime et nous raconte leur vie commune. Avantage : même si Malraux vous tape sur le système et si vous fuyez lapologie littéraire, le livre se lit avec bonheur, tant ce couple improbable tient la route et respire autant la passion quun bon roman damour (le titre même est un hommage à lauteur des Antimémoires). Comme une bonne fiche auteur agrémentée dun zeste de passion. Car Alix veut tout vivre comme André : écriture (dans la collection «Blanche» de
), aventures en Bosnie, visite à la famille (du moins ce quil en subsiste : sa fille Florence), émotions félines et artistiques, elle se met en scène en lectrice un peu obnubilée par son grand homme, un rien hantée par laventurier affabulateur. Certes, au détour dune cuisine et dune tarte au fromage (on a les madeleines quon peut) préparée par une cuisinière homérique, elle sentiche de Proust, discutant, par livres interposés, avec Céleste ; mais malrussienne, elle demeure.
Officiellement désigné comme un «machin», louvrage a de fait plusieurs cordes à son arc : cest un peu une autobiographie déguisée (des Antimémoires avant terme ?), un peu un journal de lectures (avec règlements de compte), un peu un carnet mondain (Florence, mais aussi Clara, les Vilmorin
ce nest pas A la recherche du temps perdu, mais bien «A la recherche du Malraux perdu», artifices proustiens compris !), un peu une déclaration damour, un peu un roman sur la vie dune journaliste (ou comment concilier Canal et espérances littéraires, Elle et la Bosnie ?), un peu un mémoire de maîtrise qui sent sa khâgneuse (avec citation et tout
manque la bibliographie commentée), un machin un peu improbable, un peu foutraque, un peu délirant, un peu long par endroits mais sympathique, drôle, stimulant, touchant (quand la journaliste TV évoque son rapport à la création et son malaise télévisuel).
Les amateurs de littérature (et de Malraux) apprécieront, les fans dAlix de Saint André y retrouveront les étapes de LAnge et le réservoir de liquide à frein, de Papa est au Panthéon
Quant aux autres, à ceux qui veulent simplement se détendre avec un bon livre, cest une expérience originale, une promenade dans latelier de lécrivain et dans un univers dont le soleil sappelle André.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 18/11/2008 ) Imprimer
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