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Parce que c'était lui, parce que c'était moi...
Albert Camus   René Char   Albert Camus - René Char - Correspondance 1946-1959
Gallimard - Folio 2017 /  7,70 € - 50.44 ffr. / 296 pages
ISBN : 978-2-07-271848-9
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication en mai 2007 (Gallimard - NRF)

Franck Planeille (Directeur scientifique)

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Bâti comme un colosse (1,92m), impulsif, René Char (1907-1988) est pensionnaire du lycée d'Avignon, puis, en 1925, étudiant à l'École de commerce de Marseille. Il lit Plutarque, François Villon, Racine, des romantiques allemands, Alfred de Vigny, Gérard de Nerval et Charles Baudelaire. En 1928, son premier recueil de poèmes est publié, Cloches sur le coeur. Au début de l'année 1929, il fonde une revue, Méridiens, avec André Cayatte. En août, il envoie à Paul Éluard un exemplaire d'Arsenal qui décide ce dernier à venir à L'Isle-sur-la-Sorgue. À la fin novembre, René Char arrive à Paris, rencontre Louis Aragon, André Breton, René Crevel, et adhère au groupe surréaliste. Pendant l'Occupation, sous le nom de Capitaine Alexandre, il participe, les armes à la main, à la Résistance. Il commande le Service Action Parachutage de la zone Durance. Il en tire le recueil Feuillets d'Hypnos. Dans les années soixante, il participe aux manifestations contre l'installation des missiles à tête nucléaire sur le plateau d'Albion. Au fur et à mesure, il publie ses recueils Le Marteau sans maître (1934), Seuls demeurent (1943), Fureur et mystère, (1948), Les Matinaux (1950), Recherche de la base et du sommet (1955), Le Nu perdu (1971) qui le consacrent comme l'un des plus grands poètes français du XXe siècle.

La correspondance entre René Char et Albert Camus paraissait fort alléchante. Ces deux monstres sacrés de la littérature étaient des amis intimes, et pour tout dire, ce que l'on peut faire de plus beau dans l'amitié. Un peu plus de douze ans de correspondances jusqu'à la fin brutale, comme on sait, d'Albert Camus. Or, il faut se faire une raison, nous n'avons pas grand chose à nous mettre sous la dent. A part quelques flèches décochées contre la revue Empédocle, les demandes réitérées d'Albert Camus pour que René Char lui déniche une demeure dans le sud, la venue de Martin Heidegger, la difficulté d'accoucher de L'Homme révolté et d'autres choses du même acabit, comme de nombreuses et chaleureuses démonstrations d'amitiés, nous sommes un peu dépités de trouver des choses aussi banales et sans grande valeur littéraire.

Bref, nous n'apprenons quasiment rien. C'est-à-dire aucun contenu concret sur les pensées respectives (ou du moment) des deux hommes de lettres, et quasiment jamais de développements bien sentis sur quelques sujets. Nous sommes ici hélas dans le monde de l'inessentiel, des anecdotes, qui ont certes une valeur dans la vie privée mais aucune dans la vie publique, comme l'agacement d'Albert Camus envers l'adaptation qu'il effectue de La Princesse de Clèves de Robert Bresson, film qui ne verra jamais le jour (Robert Bresson était connu pour être un maniaque). Il est vrai qu'il s'agit d'une correspondance, donc de faits privés, nullement destinés donc à être rendus publics mais on pouvait imaginer un développement plus conséquent concernant certaines pensées. Même pas.

Le seul point intéressant est celui qui concerne l'amitié. Car si la correspondance est pauvre, littérairement parlant, ce qui est émouvant en revanche est la forte et chaleureuse relation entre les deux hommes qui se soutiennent l'un l'autre, et pour qui la présence physique est indispensable. Voilà deux vrais amis. On éprouve du bonheur à lire une amitié, le soutien et la chaleur face aux dures épreuves de l'existence (par exemple, la dépression de la femme d'Albert Camus, Francine, ou la mort de la mère de René Char). A cet égard, un détail pittoresque nous apprend que, à partir de 1956, Albert Camus habitait un deux-pièces dans l'immeuble où vivait René Char, rue Chanaleilles. Il n'est pas rare que les deux hommes se glissent des mots sous la porte... Petit mais touchant et merveilleux détail.

Voici ce qu'écrivait Albert Camus concernant son ami : "Et comment vivre dans ce monde d'ombres ? Sans vous, sans deux ou trois êtres que je respecte et chéris, une épaisseur manquerait définitivement aux choses. Peut-être ne vous ai-je pas assez dit cela, mais ce n'est pas au moment où je vous sens un peu désemparé que je veux manquer à vous le dire. Il y a si peu d'occasions d'amitié vraie aujourd'hui que les hommes en sont devenus trop pudiques, parfois." René Char, quant à lui, dira : "Cher Albert, cette maison est borgne sans vous ! La rue de Chanaleilles a retrouvé son eczéma automobile et ses grognards matinaux. Les dieux fassent que septembre soit beau pour vous. Un temps d'abeille, voilà mon souhait ! Mais vous me manquez !"

Voilà donc une correspondance sans doute fort banale en ce qui concerne la littérature mais un témoignage émouvant sur l'amitié... René Char mourra en 1988, vingt-huit ans donc sans son ami.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 12/07/2017 )
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