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Le retour du professeur Pennac
Daniel Pennac   Chagrin d'école
Gallimard - Folio 2009 /  7 € - 45.85 ffr. / 297 pages
ISBN : 978-2-07-039684-9
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en octobre 2007 (Gallimard - Blanche).
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Cela faisait longtemps que le professeur Pennac n’était pas revenu en classe : depuis ses exercices de style sur la lecture (Comme un roman), il avait un peu joué au dictateur fainéant, allongé dans son hamac… Alors un nouveau Pennac, forcément, on l’attend toujours, on se jetterait même dessus. Et puis celui-là, il donne à songer, rien que par le titre : qui n’en a pas eu, des «chagrins d’école», qui n’a pas hésité, qui n’a pas eu l’impression de patauger, d’être comme un premier de la classe déchu qui se souvient des cieux ?

Et ça commence plutôt bien : ego-histoire sur le mode mise en scène, avec cour de récré, promenade fraternelle et sentences péripatéticiennes. Du Pennac pur jus… ? Gare ! Même déguisé en professeur (air docte, blouse grise, petites lunettes rondes et traces de craies), Pennac nous la joue roman, avec quelques bons gros stéréotypes. Exercice de déconstruction :

Axiome n°1 : horresco referens, le romancier léger et subtil, le papa talentueux de Malaussène, était un cancre, et des pires, le genre désespérant, la mémoire en forme de passoire, les cahiers surchargés de gribouillages poétiques (c’est la touche Prévert), le désespoir maternel, paternel, fraternel… Et tout cela à cause d’un épisode – trauma, roulement de tambours… : il est tombé dans une décharge à ciel ouvert à l’âge de 6 ans. Paf, comme ça (exercice pour les autres cancres méritoires de l’establishment et de l’intelligentsia, car la cancritude se porte bien dans les élites : trouvez vous une excuse aussi délirante, pour voir ?).

Axiome n°2 : être un cancre n’a rien d’heureux, c’est de la souffrance et une image qui ne passe pas… Ergo: D. Pennac s’autothérapise en écrivant (c’est d’ailleurs comme cela qu’il a été sauvé par un enseignant original). Le cancre n’est pas au ban de l’école (ah, ah), il en est au contraire le cœur de cible, celui qui a besoin de toute la machinerie de l’Education nationale (ça, c’est quasiment déjà fait). Rêve : une armée de jeunes Pennac se lève, qui va conquérir le pays des lettres dans 15 ans… Réalité : grâce à quelques profs plus futés que la moyenne, Pennac est lui-même devenu prof (thème musical : «L’Empire contre-attaque»). Mais l’heure n’est pas à la vengeance : plutôt à la révolution.

Axiome n°3 : ce n’est pas forcément la faute des profs, qui font ce qu’ils peuvent, mais qui pourraient faire mieux, comme le professeur Pennac, qui – du fait de son passé de cancre – fut un professeur exceptionnel, une version réelle du prof du Cercle des poètes disparus (quoiqu’il s’en défende), le genre qui soulève une classe… et là, on retrouve le romancier, qui nous raconte d’invraisemblables scènes pédagogiques, à pleurer des violons longs comme ces sanglots d’automne qui bercent nos cœurs d’une langueur monotone.

Parce qu’à côté du Pennac inspiré (on trouve de jolies scènes, légères ou graves dans ce texte), il y a le Pennac pontifiant, genre réunion parents-professeur, ou conseil de classe : amateurs de pédagogie douce et un peu fade, de beaux sentiments, vous aimerez Chagrin d’école, le livre «que tous les enseignants devraient lire» (c’est beau comme du Drucker)… Alors faut-il lire Chagrin d’école : Oui, pour ne pas désespérer du métier de professeur, de sa grandeur et de ses servitudes ; Oui, pour retrouver, au fil des pages, un enthousiasme communicatif et l’envie de sauver des âmes ; Oui, pour s’attendrir sur de touchantes scènes de classe (on dirait des exempla pour la messe du dimanche)…

Mais avec un peu de distance devant ce grand exercice d’autosatisfaction et de glorification du Moi. Et moi, Daniel Pennac, je le préfère en romancier…


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 17/04/2009 )
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