| Yann Moix Mort et vie d'Edith Stein Le Livre de Poche 2009 / 5.50 € - 36.03 ffr. / 152 pages ISBN : 978-2-253-12659-1 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en janvier 2008 (Grasset). Imprimer
Yann Moix est sacrément gonflé, il ne sembarrasse pas de circonvolutions, il tranche dans le vif, il martyrise les mots, les coupe de ponctuations hasardeuses, dissout les règles grammaticales. Il tient à son sujet, Edith Stein, la «sainte juive», celle qui est morte à Auschwitz parce que née juive, et canonisée parce que catholique. «Je voulais que, pour une fois, tu tintéresses à une sainte : que tu te passionnes pour : Edith Stein». Le ton est donné, lauteur harangue son lecteur, le fustige pour la moindre faute dinattention.
Edith Stein donc, il la veut intime, passionnée et vulnérable à la fois. Juive de naissance, elle na jamais été élevée dans la foi dun Dieu, mais dans celle dun peuple. Pragmatique et rationnelle, elle est lélève de Husserl, père de la phénoménologie. Disséquer, apprendre sans relâche, appréhender, chercher dans la complexité, Edith Stein est une étudiante studieuse, enracinée dans la compréhension de ce monde. Et pourtant, lentement «la Grâce va sinfiltrer dans les veines et les artères et les pores dEdith, sans jamais se lasser de linnerver : une Grâce têtue, moléculaire, insidieuse, qui chemine dans : le corps». Elle sinterroge sur le dialogue silencieux quest la prière, une harmonie de lâme qui la tourmente. Cherchant en vain à intellectualiser sa foi, elle se laisse guider par «son mec à la croix», pour devenir carmélite. Pourtant, juive, elle le restera, car pour elle, le catholique est juif, cest une continuité, presque une fin en soi. Plus juive que juive ? Non, elle nira pas au bout de cette idée, mais elle mourra en sur dhumanité à Auschwitz.
Yann Moix veut parler damour tout simplement, un amour impalpable, presque aérien. Edith Stein en figure emblématique... Mais Yann Moix dérange par son verbiage parfois mal contrôlé, ses envolées prétentieuses sur, par exemple, «la décomposition du continuum cosmique quadridimensionnel»
Et pourtant, le charme opère, un charme incohérent, mal identifié. Les mots tenaillent, se débarrassent de toutes contraintes, ils martèlent ce portrait décomposé, le portrait de : Edith Stein.
Catherine Martinez-Scherrer ( Mis en ligne le 30/09/2009 ) Imprimer | | |